La Carte et le territoire de Michel Houellebecq
martin | 5 juillet 2011 | 21:27Alors que j’étais parti pour me lire tous les livres de Houllebecq dans l’ordre, ayant commencé avec “
Extension du domaine de la lutte“, devenu un véritable livre fondateur depuis, j’ai sauté à celui-ci après avoir lu “Les particules élémentaires” dont le résumé arrivera un peu plus tard.
Pourquoi ?
Simplement car je l’ai acheté en broché dès sa sortie en librairie et que le Goncourt m’a vraiment donné envie de le lire. Bien que j’aime le style Houellebecq, les prix littéraires m’avaient auparavant semblé ne récompenser que des livres éloignés de la réalité, peu intéressants de mon point de vue de lecteur.
Donc, avec le battage médiatique que le livre a suscité, j’ai décidé de me lancer dans sa lecture alors qu’il avait rejoint les dizaines de livres en attente de lecture chez moi.
J’ai, pour la petite histoire, avec ce livre, une nouvelle fois piraté un livre que j’avais acheté légalement pour le lire sur mon reader, la version numérique n’étant pas dispoible puis payante quand elle l’est devenue, je n’allais pas la racheter pour la lire en numérique !
Peut-on d’ailleurs encore parler de piratage quand on télécharge illégalement une oeuvre qu’on possède ? Si Hadopi surveillait les livres, peut-être me serais-je fait prendre pour avoir récupéré une oeuvre que j’avais acquise légalement ? Vaste débat…
Revenons au livre et à sa substance. Clairement, j’ai bien aimé, vraiment. Autant “les particules élémentaires” m’avait paru un peu long et lourd après “extension du domaine de la lutte”, autant là, le style et l’histoire sont parfaitement maîtrisées si bien qu’on se laisse bien plus facilement porté par l’intrigue.
Celle-ci est découpée en trois parties distinctes, c’est d’ailleurs assez étonnant quand on passe de l’une à l’autre car la relation entre la nouvelle et la précédente met parfois un peu de temps à se faire comprendre.
La première traite de l’art et d’un artiste en particulier, de son oeuvre, de sa vie sociale, la seconde de la rencontre de cet artiste avec Michel Houellebecq et la troisième est une enquête policière, une sorte de polar, c’est d’ailleurs assez bien fait mais en décalage avec les deux premières.
Il y a naturellement une trame commune à tout ça et vous la découvrirez en lisant ce livre…
Le domaine de l’art est le thème principale abordé par Houellebecq dans le livre en plus de la thématique Houellebecq. Il nous donne en effet sa vision de ce domaine, au travers de l’histoire et des personnages, en parallèle de sa vison habituelle sur la société et les êtres humains.
Comme toujours, il fait mouche et montre une face assez sombre de tout ce qu’il décrit en mettant le lecteur en position de remise en question sur ce qu’il sait et connaît de ce qu’il est en train de décrire. Je suis toujours étonné de retrouver dans ses livres des réflexions que je me suis déjà faites sur la société, les gens sans pour autant (heureusement pour moi) tomber dans l’extrème des positions de l’auteur.
En effet, la seconde partie dans laquelle il se met en scène est assez bluffante de réalisme si bien qu’on imagine ce petit bonhomme dans son quotidien tel qu’il le décrit, et c’est impressionnant. Vous verrez, c’est même parfois destabilisant tellement ce qu’il décrit, sa vie en l’occurence, semble en décalage de ce que nous considérons comme la normalité.
Je ne sais pas si c’est ce qui a séduit le jury Goncourt ou si c’est le livre dans son ensemble ou encore l’ensemble de son oeuvre mais c’est cette partie qui m’a vraiment accroché. Il s’y livre vraiment, comme en direct à la télévision. C’est même assez effrayant quand on se rend compte de ce qu’il décrit. Dans ses précédents livres, on sentait des éléments autobiographiques mais là, c’est très clair car il se met en scène ! Aucun doute n’est permis. Sa vie ou un fantasme de celle-ci y est dévoilée. Pas franchement folichonne d’ailleurs.
Au final, c’est un très bon livre, je vous le conseille. Je regrette simplement la fin trop abrupte et trop peu explicative à mon goût, un peu trop expédiée en regard du reste du livre. C’est certainement voulu mais bon, le reste étant si bien décrit et amené, la fin m’a laissé sur ma faim en quelque sorte.
Il y aurait de quoi faire un préquel et une suite en je pense car Houellebecq a laissé plâner certaines zones d’ombre sur l’avant et l’après de ce récit. On verra dans son prochain livre s’il s’agit d’une suite à celui-ci. J’en doute mais sait-on jamais.