“Cosmétique de l’ennemi” de Amélie Nothomb, Ed. Livre de Poche
martin | 5 janvier 2009 | 0:08J’ai abordé la lecture de ce roman dans la foulée de ma lecture à sens inverse des romans de la romancière belge Amélie Nothomb.
J’avais beaucoup apprécié mes deux lectures précédentes, “Le Fait du prince” et “Métaphysique des tubes” mais après la lecture de ce livre-là, subsiste un sentiment contrasté.
Je l’ai lu très vite comme les deux précédents, preuve qu’il est tout aussi addictif que ceux que j’avais déjà évoqués, preuve également qu’il est très court : moins de 120 pages. Il est également très bien écrit comme les autres. Non, là où la différence se fait, c’est dans le climat du roman. L’auteur nous emmène ici dans un dialogue d’affrontement entre deux personnes, l’une faisant revivre à l’autre, contre son gré, des événements durs de son passé.
Je n’en dirai volontairement pas trop pour ne pas gâcher le plaisir des personnes qui le liront mais l’ambiance générale ressortant du livre est malsaine.
La description de ces événements et la narration de l’auteur nous mettent, aussi bien dans la peau du héros que dans celle de l’ennemi dont il est question. On est rapidement mal à l’aise à la lecture de la discussion. On ressent un mal être fortement perceptible à comprendre de quoi il s’agit, à se mettre dans la peau de la victime, troublée de manière croissante pendant tout le livre.
Le roman tourne entièrement autour de cette discussion. La conclusion est rapidement évidente. Cependant, Amélie Nothomb arrive avec son style clair et fluide à l’amener sans qu’on en s’y attendre vraiment si bien qu’on reste vraiment interloqué par la fin pourtant rapidement anticipée.
Au final, reste de cette lecture un sentiment double.
Tout d’abord, ce goût amère d’une lecture perturbante car évoquant un personnage trop plausible. L’auteur met devant nous une image d’ennemi tel qu’on l’entend raconté par les magistrats ou les forces de police dans les sombres affaires criminelles. Voir le héros, à qui on s’identifie forcément un peu, confronté à cette personne bouscule beaucoup de choses et nous rapporte à notre propre personne…
Que ferais-je ? Qui serais-je ?
Enfin ce style si agréable et efficace qui, malgré l’histoire, nous maintient en haleine jusqu’à une fin rapidement pressentie. Encore une belle démonstration par l’auteur de ses talents de romancière.
En conclusion, ce n’est pas un livre que je recommanderais sans mise en garde, ce que j’ai fait dans ce billet. Ce livre vaut le coup mais n’est pas un ouvrage pour la détente. Il dérange progressivement à l’avancée dans la lecture, fait réfléchir et amène des sentiments âpres éloignés de la détente et de l’évasion qu’on souhaite souvent ressentir avec la lecture.
Vous voilà prévenus. Bonne lecture aux inconditionnels de Nothomb !