“HHhH” de Laurent Binet, Ed. Grasset
martin | 5 septembre 2010 | 23:50J’avais découvert ce livre au nom étrange dans une émission littéraire et le livre ne m’avait pas immédiatement attiré bien que son auteur, laurent Binet m’eut tout de suite plu.
Un style naturel, jeune, sympathique et très ouvert. Cool je dirais même, pas trop le stéréotype de l’auteur de livres historiques…Bizarre donc.
Encore un livre sur la seconde guerre mondiale et sur les nazis, sujet rendu “populaire” auprès du grand public et des médias depuis des oeuvres célèbres telles que “La vie est belle” ou “Les bienveillantes”, m’étais-je ensuite dit.
Comme j’avais tort, nous allons le voir.
De prime abord donc, rien ne me prédestinait à lire ce livre de Laurent Binet, Goncourt du premier roman, j’allais l’apprendre plus tard.
Quand ce livre s’est offert à moi, bien plus tard, comme beaucoup d’autres, il est passé dans la mémoire de mon Cybook Opus, première étape du tri de longue haleine d’un ouvrage chez moi, version électronique du tri ici, les versions papier s’entassant sur mon canapé avant de subir plusieurs repositionnements et tris à la logique assez floue…
Bref, je me suis décidé à l’ouvrir. Et là, je ne l’ai plus lâché. Je l’ai alors terminé en quelques lectures.
Concrètement, ce livre relate l’ascension et la fin de Heydrich, l’homme le plus dangereux du Reich, cerveau de Himmler et bourreau du Reich. Le titre signifie d’ailleurs “Himmler Hirn heisst Heydrich”, le cerveau de Himmler s’appele Heydrich, en allemand.
C’est donc un ouvrage traitant de la vie de cet homme - bien que le terme homme reste à définir, le personnage étant d’une cruauté impressionnante - , de son entourage mais aussi et surtout de l’opération Anthropoïde, visant à l’assassiner.
On suit donc tout au long des pages de ce livre le déroulement des événements et on savoure les nombreuses digressions de l’auteur.
Laurent Binet est en effet profondément passionné par son sujet et livre au lecteur quantité de détails sur l’époque, les personnages et les situations, connaissant très bien Prague où se situe une grosse part des événements.
Il se plaît aussi à imaginer les scènes historiques et les dialogues, les inventant parfois et s’en expliquant, se servant pour cela de son érudition du domaine, des personnages et des faits.
Cet agrégé de lettres réussit un coup de maître à mes yeux car il a cette force que seuls quelques professeurs ont qui est de passionner son auditoire, ici son lectorat, en l’emmenant exactement où il veut et en le faisant rêver, le laissant imaginer les scènes.
En le lisant, je me suis d’ailleurs rendu compte que ce livre est un petit peu un ovni littéraire, touchant au roman historique, au roman d’esponniage, d’investigation, à la biographie et même au thriller, certains scènes tenant réellement en haleine.
C’est ainsi que chemin faisant dans le récit et dans le déroulé des événements, l’auteur agrémente les faits historiques d’anecdotes sur sa vie, le pourquoi de tel effet de narration, ajoutant parfois des détails personnels ou se justifiant de certaines omissions pour mieux amener d’autres scènes. Ce style renforce l’attachement au livre.
On est donc pris dans le tourbillon de l’histoire, naviguant entre les différentes sortes de narrations, tantôt externe à la scène, tantôt interne aux personnages, tantôt complètement subjective aux événements et détachée des faits comme le ferait tout manuel scolaire.
De plus, derrière le style et l’histoire, on ne se lasse pas de revivre ces tristes événements de notre histoire et les élans héroiques des protagonistes de l’opération anthropoide. Bien que crus et douloureux, les méfaits des nazis sont rappelés et parfois décrits de manière très dure mais ils servent le roman et appuient l’héroïsme des résistants présentés dans le livre tout en nous rappelant le devoir qui est le notre, celui de ne jamais oublier pour ne plus jamais permettre de tels actes.
En conclusion, je vous recommande ce livre fortement, c’est très bien écrit.
Le récit est segmenté par de très nombreux paragraphes, le livre comportant plus de chapitres que de pages il me semble, cela créant un mouvement de lecture rapide qui incite à poursuivre et fait que les pages se tournent vite.
Elles se dévorent même et comme l’auteur, on regrette que la fin du livre arrive si vite et on s’amuse avec lui à repousser l’échéance du livre, comprise et attendue depuis les premières pages mais qui finit malheureusement par arriver, laissant une très belle impression.