Un monde de procrastination

Je me le demande encore.

J’étais pourtant parti vainqueur, paré à me l’acheter. J’avais vérifié que mon compte était suffisamment crédité pour débourser les 500€ necessaries à son acquisition. J’avais répété plusieurs dizaines de fois dans ma tête la phrase “bonjour, j’aimerais vous acheter une iPad” (Oui, “une” car on dit une tablette…) me voyant la dire dans le magasin à un employé d’Apple, le T-shirt coloré, le visage heureux, comme dans les pubs.

Arrivé au carroussel du Louvre, j’avais pris le chemin de la boutique Apple qui était bien remplie. Cela ne faisait en effet que 3 jours que l’iPad avait été lancée.

Si le boulot ne m‘avait d’ailleurs pas retenu plus longtemps que prévu le midi et le soir du vendredi, j’y serais meme certainement allé le jour du lancement. Rien que pour voir, rien que pour dire : “J’y étais”.

Entré dans la boutique, j’avais pris la direction d’une des longues tables en bois blanc caractéristiques de l’Apple Store et m’étais saisi d’un exemplaire d’iPad mis à disposition pour les clients.

Parti pour l’acheter les yeux fermés, j’avais quand même voulu le tester. Mon côté impatient certainement, ne resistant pas à l’attente de la queue pour l’acheter (dingue de devoir faire la queue de nos jours pour acheter un bien inutile à notre survie. Nos grands parents ayant fait la queue pour du pain en 40 n’en reviendraient probablement pas !) m’a fait l’essayer.
Et c’est là que tout a basculé.

La prise en main a été très rapide. Un enfant de 4 ans pourrait s’en servir. Le bouton Home comme sur l’iPhone. Une pression et l’application en cours est quittée. Retour à l’accueil puis il suffit de cliquer sur les grosses icons présentes sur l’écran d’une résolution et d’une clarté incroyables.
Je possède un MacBook Pro de dernière generation et pourtant je dois avouer que cet écran m’a bluffé.

Un petit tour sur le mail, sur Maps, sur iPod (oui l’application de musique s’appelle iPod, comme le lecteur de MP3 de la marque) puis sur le net.

Je lance ensuite l’application ibooks sensée révolutionner la lecture sur tablette. Habitué à mon Opus, autant dire que je n’ai pas été transporté. Cela reste du LCD, certes très bon, mais du LCD. De plus, je ne conçois pas de porter (car l’appareil est lourd) constamment cette tablette avec moi pour lire.

Enfin, je termine le tour du “futur” propriétaire (je le pensais encore) avec la navigation sur le net. C’est beau, très beau meme, incontestablement. C’est magique comme l’a si bien dit Steve Dieu Jobs, “maaaagique” comme diraient les parisiennes les plus “in” mais il y a un mais…

Je me souviens que c’est à ce moment-là que, me relevant de cet appareil relativement lourd (un petit 800g) et très dense (la tablette est super fine, recouverte de metal poli) que je me suis fait la réflexion “Et c’est tout ? A quoi ça sert ?” puis demandé ce que j’allais en faire si je l’achetais.

Quoi faire de plus que je ne fais pas déjà avec mon Mac ou mon lecteur d’ebooks ? Alors, certes, il y a des applications (“il y a une application pour tout” dit la pub) mais devoir payer pour faire ce qui, à mes yeux, devrait être basique sur cette machine est une chose que je ne conçois pas.

Tout triste, je suis alors reparti, les mains vides. Je n’ai pas pu faire la queue ni voir mon nom affiché sur les grands écran au dessus du Genius Bar…

Alors, pourquoi n’ai-je pas acheté l’iPad ? Au final, je pense que la réponse est simple.

Cet appareil électronique représente pour moi le summum de la technologie bridée par un marketing glouton. Une Ferrari qu’on serait oblige de conduire en ville à longueur d’année.

Je suis admiratif de Apple et de Steve Jobs qui savent faire passer autant de limitations sur leurs produits mobiles auprès des consommateurs. Je suis admiratif de cette toute puissance marketing qui permet de faire accepter aux gens de reverser 30% de toute vente depuis la boutique unique de l’appareil à Apple.

Je n’ai pas acheté cet appareil au potentiel énorme mais finalement très pauvre dans lequel je ne me retrouve, pour le moment, pas. Si je devais le résumer en une phrase, je dirais que c’est un appareil impressionnant technologiquement mais très pauvre intrinsèquement.

Je pense donc qu’il est urgent d’attendre.

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