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Google ou comment la recherche nous transforme tous - Partie 5

martin | 11 mars 2009 | 4:04

Suite et cinquième partie de l’analyse du pouvoir de Google et de ses outils sur notre façon de penser et d’agir.
Nous allons voir aujourd’hui qu’à force d’être aidés par le moteur de recherche, on en oublie qu’on sait soi-même rechercher et qu’on n’a pas besoin d’aide.

On semble donc perdre, petit à petit son esprit d’initiative et d’analyse au profit d’un parcours utilisateur, d’une voie unique toute tracée par le géant de la recherche.

De la recherche à la navigation sur rails : le retour des guides ?

Ce qu’on nous propose sur Internet a donc tendance à être de plus en plus mis au format de ce que les gens ont appris à interpréter.
Le schéma cognitif de la recherche sur Internet s’est formé au fil du temps à l’utilisation des outils de recherche eux mêmes enfermés dans le modèle Google. Les autres acteurs de la recherche se sont alors basés sur le fait empirique que si ça marche et qu’on fait pareil, ça marchera forcément.
Vrai sur la forme. Tous les moteurs ont plus ou moins la même apparence.

Faux sur le fond. La pertinence n’est pas toujours la même sauf sur les sites les plus connus comme nous l’avons déjà vu plus haut.

De plus, la page d’accueil étant,  de plus en plus souvent celle d’un moteur de recherche ou d’un portail doté d’un champs de recherche menant sur un moteur, on n’a plus à réfléchir, on lance le navigateur, on tape sa requête sans réfléchir et on obtient sa réponse. Aussi simple que cela. Même quand il s’agit simplement d’accéder à un site dont on connaît déjà l’adresse et auquel on a l’habitude d’accéder.
Les internautes l’ont bien compris. On observe ainsi depuis quelques temps une tendance récurrente dans l’utilisation des moteurs de recherche, ces derniers passant progressivement de l’assistance à la recherche à celle d’assistance à la navigation, des historiques moteurs de recherche aux nouveaux moteurs de navigation.
Auparavant, les personnes désirant acheter un livre tapaient “achat livre” ou “livre” dans le moteur de recherche. Elles obtenaient donc la possibilité d’être dirigées vers un libraire en ligne tel que Amazon par exemple. D’autres, plus aguerris, habitués, tapaient directement www.amazon.fr dans la barre d’adresse du navigateur. Simple et rapide…à l’époque.
Il n’était pas question de fonctionner autrement. A la limite, mettre un lien en raccourci mais c’est tout. Tout fonctionnait plutôt pas mal comme ça.
Maintenant, certains de l’efficacité de l’outil de recherche et ( fainéants? ) ou ne désirant peut-être pas comprendre comment ça marche, les internautes tapent directement dans le moteur par défaut de leur navigateur le site qu’ils veulent rejoindre, via leur page d’accueil, via une barre d’outils ou un champ de recherche, brandés Google le plus souvent. Ils cliquent ensuite sur le premier lien. La plupart du temps, cela fonctionne, les sites étant bien indexés.
Efficace, diront certains.
Vraiment ? Je ne le crois pas et nous allons voir pourquoi.
Ces derniers voulant aller sur le site fnac.com, plutôt que de le taper dans la barre d’adresse, vont le taper dans le moteur de recherche cliquer sur le premier lien.
Ils auront effectué deux actions. Tout cela sera donc au final du temps de gagné, dans la tête des gens, de perdu en réalité (même nombre de caractères à taper, temps de chargement des pages en plus) mais de la réflexion en moins assurément…Et surtout, De l’argent pour le moteur de recherche, le premier lien affiché étant souvent un lien publicitaire comme toute une ribambelle d’autres liens apparaissant à droite ou à gauche de la liste de résultats.
De ce point de vue là, les internautes, malgré leur maîtrise de plus en plus forte de l’outil informatique semblent régresser dans l’usage d’Internet.
C’est comme si quelqu’un connaissant le chemin pour se rendre d’un point A à un point B décidait désormais de se laisser guider par son GPS de voiture sans réfléchir car cela lui paraitrait plus rapide ou plus simple. Une belle façon de ranger son cerveau dans la boîte à gants…non ?
Il semble à la lumière de ses constatations que Google développe à l’esprit ce que le taylorisme était au temps : une organisation paramétrée, prévue et étudiée pour une optimisation sans faille et une rapidité d’exécution sans commune mesure. L’utilisateur en oublie ce qu’il sait faire, se conforme au modèle. Il accepte d’être aidé, supplanté même. Il laisse la machine faire pour lui.
La prochaine étape est certainement le retour des annuaires ou des guides qui nous donneraient la solution à chaque recherche qu’on ferait dans chaque catégorie. Le tout avec un besoin de monétisation pour les annonceurs. Pour l’utilisateur, ce dernier ne réfléchissant plus trop, tout serait complètement transparent. Entre un résultat d’algorithme et un résultat d’annuaire sélectionné pour lui selon sa requête, il n’y verrait finalement pas de grosse différence.

On n’en est fort heureusement pas là mais la façon dont les utilisateurs utilisent les moteurs pourraient un jour pousser les concepteurs à livrer ce que les gens demandent et plus simplement des réponses algorithmiques !

En effet, comme la découpe du temps a fait s’adapter nos organismes en plages horaires, temps de repas, pause, le pré-machage de Google ne va-t-il pas changer notre façon de réfléchir, transformant notre capacité de raisonnement et de synthèse en une capacité de lecture rapide et de passage tout aussi rapide à autre chose ?
Beaucoup de personnes se plaignent, sur les blogs ou même dans l’entourage, de soucis de concentration. En effet, ce fonctionnement Googlien du cerveau transforme les capacités d’analyse et nous garde constamment sur le qui vive. La dispersion prend le pas sur la focalisation sur un seul sujet. On ne comprend plus l’intérêt de réfléchir puisqu’un algorithme le fait pour nous.
Outre ces soucis de modification des capacités de chacun, la recherche sur Internet pose d’autres questions. Notamment celle de l’expression des idées de chacun.
La visibilité offerte par les moteurs étant potentiellement illimitée mais limitée de facto par les règles de tri, les algorithmes, et les utilisateurs corrompus par les dérives du “vite-lu”, “vite-jeté”, très peu de diversité ressort au final des moteurs.

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Tags
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