Un monde de procrastination

Suite et deuxième partie de mon article consacré à l’emprise de Google sur la façon dont nous cherchons et évoluons.

Consacrons-nous aujourd’hui à l’étude de l’appréciation du modèle Google par les internautes. Pourquoi, à pertinence équivalente, nous préférons google ?

Adaptation du cerveau au modèle Google

Mais tout cela va bien plus loin que ces simples constatations. Nous commençons à être formatés.

Je discutai l’autre jour avec un ami, pourtant habitué à l’outil Internet et abordai avec lui des différences entre les différents moteurs de recherche sur le Web. Je lui demandai ce qu’il pensait du moteur de recherche Orange, un des ultimes résistants pertinents aux géants américains et surtout à Google.

En terme de pertinence le moteur français n’a pas à rougir face à Google, les études à l’aveugle, telles que celles de Jean Véronis par exemple, le montrent clairement. Cependant, mon interlocuteur n’arrivait pas à me dire ce qui faisait qu’il préférait toujours Google à Orange par exemple, malgré la pertinence équivalente des résultats.

Finalement, au bout d’une longue discussion et d’aguments échangés et après avoir fait le test “en vrai”, il en est arrivé à la conclusion rapide que son souci était que la couleur orange choisie pour colorer les URL sur le portail français, je cite, “piquait les yeux” et que les “vert de Google [...]” était plus doux, plus agréable à la lecture.

Plus agréable ou plus ancré dans l’inconscient d’ailleurs ? En effet, toujours Google a utilisé cette couleur pour ses URLs, Yahoo!, Live et plusieurs autres sites reprenant les listes de résultats de ces entreprises faisant de même.
Dans l’esprit des internautes, l’URL a donc toujours été verte. Dingue et pourtant si évident.

Si demain, une société d’agroalimentaire décidait de modifier génétiquement une tomate et de la commercialiser, toutes propriétés nutritives et gustatives identiques, en modifiant simplement sa couleur, en la créant bleue par exemple. Qui appellerait encore cela une tomate ? Qui en achèterait plutôt que d’acheter des vraies tomates rouges ?

Alors, bien sûr, il y aurait le goût de la nouveauté. Les personnes essaieraient. On en parlerait. Mais, franchement, pour qui aurait toujours connu les tomates rouges il faudrait faire un gros effort pour considérer cela comme le même fruit.

Cet exemple de la tomate est simpliste mais illustre relativement bien le souci qu’ont les consommateurs d’Internet. Les internautes ont toujours connus le bleu et le vert dans les résultats de recherche et ne peuvent considérer inconsciemment une réponse comme pertinente si cette dernière ne respecte pas cette mise en forme !

Les études commandées par les grands moteurs de recherche et faites sur de grands nombres d’internautes montrent, à l’aide de dispositifs d’”Eye Tracking”, procédés étudiant le mouvement des yeux sur la page Internet que les utilisateurs focalisent leur attention avant tout sur le texte, souligné qui plus est, et sur tout élément bleu, foncé de préférence. Les internautes passent complètement au dessus des images ou des vidéos dans les listes de résultats des pages de recherche.

En bref, toute optimisation de forme passant inaperçue, toute amélioration de présentation des résultats de recherche s’en trouve d’une utilité discutable.

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