A méditer ?
martin | 5 février 2009 | 23:56Encore une citation d’un de ces livres de sociologie que je lis, “La Société assiégée” de Zygmunt Bauman.
Une citation qui amène à se poser des questions sur la vie, la société, nos rapports aux autres.
“Comme nous entendons parfois dire que ce que les autres font et que ce qui leur arrive affecte, d’une manière ou d’une autre, la vie que nous menons et les chances que nous avons de la mener comme nous le voudrions, nous estimons que nous voyageons, tous autant que nous sommes, à bord du même avion très gros porteur ; ce que nous ne savons pas, c’es t qui tient les commandes - si tant est que quelqu’un les tienne. Nous n’en savons rien mais la cabine pourrait bien être vide, et les messages rassurants que transmettent les haut-parleurs pourraient bien avoir été enregistrés à une époque inconnue [...]
Le personnel des tours de contrôle ne contrôle pas, et ajoute au chaos au lieu de maintenir l’ordre. [...] Nous n’avons pas la moindre idée de ce que nos semblables, les passagers d’un avion très gros porteur, peuvent faire, individuellement ou collectivement, pour changer ou améliorer tout cela, et surtout l’itinéraire de l’appareil dans lequel nous sommes tous enfermés…”
On retrouve au sein de cette citation, d’une part une vision très nihiliste de la société qui peut sans doute correspondre à ce que beaucoup d’entre nous peuvent ressentir : ce sentiment de ne faire partie que d’un tout sans n’être rien d’autre qu’un grain de sable parmi le désert, identique aux autres et remplaçable. Une vision nietzschéenne en quelque sorte.
On y retrouve également une sorte d’allégorie de la caverne de Platon, et là aussi, le sentiment probablement ressenti par beaucoup, l’impression de subir le cours des choses sans le comprendre et en pensant le percevoir au travers de signes et tout cela alors que tout n’a jamais été autant fait pour que tous, nous puissions avoir accès à l’autre : télévision, cyber connexions sociales.
Au moment de voir et de comprendre la relation aux autres et le nombre de ces autres, nous n’avons jamais été autant enfermés les uns des autres comme cloisonnés, inconscients de nos propres vies, complètement aspirés par leur déroulement aveugle et trop rapide.
Dure réalité !