20km de Paris - J’ai venu, j’ai vu, j’ai vaincu…
martin | 17 octobre 2008 | 0:39Dimanche 12 Octobre, j’avais rendez-vous avec moi-même. Le genre de rendez-vous qui se prépare. Les 20 kilomètres de Paris. Une première pour moi.
Avec mon entraînement sérieux mais relativement faible, je n’ai repris la course à pied que depuis quelques mois, cette course était un bon moyen de savoir où j’en étais après 5 mois de pratique.
Ces trois dernières semaines, diminué par une petite entorse du genou, je n”avais pas pu courir et des douleurs régulières me rappelaient que cette “épreuve” risquait de bien mériter sa dénomination…
Il fut dur de se réveiller le matin de la course. Je n’étais pas très bien je dois avouer. Le stress, l’impression de partir vers l’inconnu en sachant pourtant que j’étais capable de le faire si le genou ne se faisait pas trop sentir. La fatigue de la semaine, présente, encore plus en ce jour.
Les deux dernières semaines précédant la course ayant été émaillées pour moi de très, trop fortes émotions, le moral en dents de scie en découlant, était, ce dimanche alors dans un creux assez profond….
Cependant, même si je n’avais pas la grande forme intellectuellement, je savais que toute cette tension accumulée ne pouvait qu’avoir un effet bénéfique sur la forme. Dans ce genre de challenge, une grande partie du “truc” se passe dans la tête.
Dans le métro pour me rendre au pied de la Tour Eiffel, j’ai vite retrouvé d’autres coureurs, chacun déjà dans sa course, se massant les jambes, bougeant nerveusement les mollets. Personnellement, j’étais dans un état de léthargie prononcé. Pas de stress particulier mais une tension intérieure gigantesque.
Le masque. Je devais être blanc, proche du gris je pense, la fatigue et les yeux encore pleins de sommeil.
Arrivé sur le stade, la super ambiance m’a aidé à me mettre dans le bain. Réveil musculaire au micro par des descendants de Véronique et Davina :). C’était marrant. Le soleil pointant ses rayons et nous promettant une course sous la chaleur et pleine de lumière réconfortante.
A côté de coureurs se passant des crèmes ou des baumes sur leurs jambes poilues, je me sentais déphasé avec mes jambes fines de cycliste, rasées, avec mes T-shirts compressifs ne nécessitant donc pas de pansements ou de vaseline sur le torse, grigris pourtant très connus et utiles chez les coureurs.
Rejoint par deux amis, bien plus fringants et entraînés que moi (ils avaient pour objectifs de faire 1h30, là où moi je demandais humblement de finir sans trop de douleurs….) et après un échauffement autour du champ de Mars avec le petit déjeuner comprimant le ventre et la respiration alors très courte, on se positionna dans le sas sur le pont d’Iena.
Quelle ambiance de folie. Musique antillaise, c’était le thème des antilles cette année, chants et petits cris de motivation de certains coureurs :). Je retrouve complètement par hasard, un ex-collègue du Tour de France que je n’avais pas vu depuis 2 ans. Quoi de plus improbable et pourtant cela est arrivé !
Que de monde ! Ce n’est pas tout de savoir qu’il y a 20 000 personnes, quand on est dedans, c’est vraiment impressionnant !
Le départ donné, il a fallu attendre près de 8 minutes pour franchir le pont d’Iena. En attendant, des pulls, des T-shirts et des sacs poubelles volaient partout au dessus des têtes, chacun se débarassant des couches de protection superflues.
Passé sur la ligne de départ, c’est parti. Il va falloir maintenant courir et tenir. Ma première impression est de me demander comment je vais trouver la place de poser mes pieds à chaque foulée tellement la route est remplie de coureurs mais aussi de détritus, de canettes, bouteilles en plastique en tous genres.
Les premiers kilomètres sont impressionnants. Il y a beaucoup de monde autour, des scooters, des spectateurs. Les coureurs semblent euphoriques, certains crient. Je ne me sépare pas de mon calme et suis déjà intérieurement dans l’analyse. L’analyse de chaque pas, de où je cours, des sensations de mon corps. Tout mon corps est à l’écoute de la moindre sensation anormale. Tout se passe bien. Tout est dans le vert….
Avant de rejoindre l’avenue Foch puis le bois de Boulogne, les routes sont étroites, il faut courir sur le trottoir pour ne pas se prendre un rétroviseur de voiture garée sur le bord ou un concurrent.
Je commence à suer fortement. Je ne sais pas si je suis trop dans le rouge ou si c’est le soleil, l’euphorie mais je sue, beaucoup. Il fait chaud. Passés les premiers kilomètres, je calcule que je suis à 6min/km, ce qui me met à 2h de course. Mon rythme me semble lent mais plutôt pas mal finalement pour quelqu’un qui veut simplement finir.
Je trouve une forte motivation à doubler les gens étant en réalité parti derrière le “lièvre” des 2h15, des personnes courant au milieu de la course avec des indicateurs de temps. Je rattrape rapidement ce lièvre et le dépasse. Satisfaction !
Les kilomètres passent, l’ai pur du bois de Boulogne est frais et revigorant. On trouve de temps en temps un orchestre pour animer notre passage. C’est super sympa sauf que de temps en temps, un boulet faisant le malin et surement plus trop lucide (déjà !!) se vautre juste devant en voulant boire d’une main, saluer les artistes de l’autre et continuer de faire bouger ses bras en rythme ! Ridicule. Le pire étant que ce boulet se fait en plus marcher dessus et renverse d’autres coureurs….
Arrivant à la mi-course, c’est là que la course rejoint le périphérique. En passant au dessus, on comprend, ou plutôt on sent ce qu’est la pollution automobile. Frappant, réellement. A Paris depuis plus de 6 mois, je n’avais été aussi frappé par cette odeur dégueulasse de suie automobile remontant au dessus de la route !
C’est aussi à cet endroit-là que je rejoins le “lièvre” des 2h et que je le dépasse. A ce moment-là, toujours en forme et les jambes réactives et détendues, je me prends à rêver d’un temps en “negative split” (deuxième partie de course plus courte que la première) autour des 1h45.
Au moment de pénétrer sur les quais de Seine, je sens que quelque chose en moi se met en route. Je commence à ressentir la motivation, l’envie. Je sais que j’en suis capable. KM12, je décide de mettre en route. Malgré le nombre de coureurs et l’étroitesse de la route, je double, remonte.
Je sais que c’est ici que tout va se faire. Les tunnels sont traîtres et nombreux sont ceux qui ont l’air bien entamés. Je sais que je peux remonter des concurrents mais surtout le temps.
Les kilomètres s’égrènent, régulièrement, je ne faiblis pas, les jambes commencent légèrement à tirer et les remontées de tunnels, bien que tenues sur le même rythme que sur le plat (je remercie intérieurement le vélo…), commencent à me faire piocher. de l’autre côté de la Seine, j’aperçois l’arrivée, la Tour Eiffel. Je connais ces routes, je les ai déjà prises en courant. Je suis en terrain familier.
Dans ma tête, je sais alors que c’est gagné, je vais finir. Mais en combien de temps ? A la montre, avec le décalage de l’horaire de départ, j’ai l’impression d’être super bien et d’avoir bien remonté.
Finalement, les derniers kilomètres sont vraiment durs et se terminent devant la Tour Eiffel dans la même foule qu’au départ. Au panneau d’affichage, en passant, je vois 2h01. Je me dis “No Way !” et me souviens des 8 minutes du départ. Ce sera finalement. J’ai couru avec une précision de métronome. J’ai du piocher dans la deuxième partie car j’avais vraiment l’impression d’accélérer….Mais bon, je suis fier.
Je suis surpris de constater que je ne suis pas essouflé, pas plus fatigué que cela. J’ai l’impression de flotter. J’ai certes les mollets qui tirent mais je me sens bien. J’ai l’impression que j’aurais pu continuer encore. Je suis bien. Je suis vidé. J’ai la tête complètement purgée.
Je suis de nouveau sur un pic de moral. Tout va bien.
J’ai réussi ce petit défi que je m’étais fixé. Au moment de récupérer le panier d’arrivée avec un fruit, une bouteille etc. je sais pas contre que je ne referai peut-être pas cette course. Trop de monde, assurément.
Je me dirige vers le stade rejoindre mes amis et récupérer mon vestiaire, je n’ai pas faim, je n’ai pas sommeil. Je suis bien, il fait superbe, température idéale, soleil rayonnant. Quelle superbe sensation !
Je rêve à ma prochaine course, mon prochain challenge…Quel sera-t-il ? Je ne sais pas, encore du moins. J’ai déjà des idées, un peu folles. Je sais que j’en suis capable.
Tout est dans la tête. Il suffit de se focaliser et de le vouloir. L’adversité aide un peu , je l’ai vu aussi.
Je suis pourtant certain que je pourrai le refaire sans n’avoir rien de frustrant ou de triste à expurger de moi-même.
Je ferai autre chose, de mieux, c’est sur. Je me dépasserai, encore, toujours. J’en ai l’intime conviction et la volonté.
Je vous tiendrai au courant Stay tuned !
Bien joué Martin ! Quand tu veux on se refait
JB | 3 novembre 2008 | 0:28Bien joué Martin ! Quand tu veux on se refait une petite course
J’ai un 10 kms début décembre vers Issy les Moulineaux…à confirmer.
salut martin félicitation tu fais mieux que moi, je suis bien
manubrie | 7 novembre 2008 | 20:38salut martin
félicitation tu fais mieux que moi, je suis bien content également d’avoir fini.
a la prochaine sur une course