La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet
martin | 9 avril 2012 | 17:27
J’avais ce livre dans ma “to read list” depuis un moment quand je me suis décidé à l’acheter, de passage en librairie puis, un peu plus tard à le lire.
Lu en parallèle de plusieurs autres livres comme toujours, je prenais plaisir à y revenir, l’univers décrit étant vraiment attirant, bien que très noir comme nous le verrons. Je sors enchanté de cette lecture même si ce livre pose bien des questions sur l’avenir de notre société ce qui n’a pas manqué de m’intéresser.
L’histoire est passionnante car très bien menée. Elle nous emmène dans un voyage initiatique à la recherche des origines de la jeune Lila K au sein d’une société hygiéniste séparées en deux parties, l’intra-muros (Paris) et la “Zone”, l’extérieur, et aux pratiques liberticides qui ne sont pas sans rappeler le 1984 de Orwell et l’environnement du Fahrenheit 451 de Bradbury, les livres étant interdits ou très contrôlés par le gouvernement en place.
La jeune fille, surdouée mais inadaptée à la société, se retrouve dans un orphelinat, après avoir apparemment subi des mauvais traitements. Elle va réapprendre à vivre sans sa mère dont elle garde très peu de souvenirs mais avec l’idée de la retrouver. Son apprentissage se fera au contact de plusieurs personnages aux personnalités fortes et parfsoi en décalage des règles strictes de cette société dans laquelle elle tentera de s’insérer sans pour autant tout en comprendre avec un seul but : retrouver la trace de sa mère et de ses origines.
L’association à cette jeune fille se fait facilement, la narration étant faite par le personnage et à rebourd de l’histoire, la jeune fille racontant son parcours à l’un des personnages rencontrés.
La société et ses particularités sont très bien décrites et présentent un futur effrayant mais qui pourtant semble terriblement possible : chimères, robots d’informations, réduction des interactions physiques entre les personnes pour raisons d’hygiène et donc recommandations “médicales” comme la masturbation pour le maintien de la santé mentale, surveillance vidéo de l’intérieur des logements, régulation des animaux domestiques génétiquement modifiés (un chat arc-en-ciel dont la couleur du pelage change selon l’humeur ou les saisons y est d’ailleurs décrit 
).
Les sentiments très candides du personnage créent une empathie pour les contemporains du roman ce qui lie fortement le lecteur à l’intrigue. On suit donc, captivé, le voyage de la jeune fille et sa quête identitaire.
Les 400 pages du broché se lisent très facilement, ce livre étant vraiment bien écrit. La langue utilisée est fluide tout en utilisant des termes précis et parfois assez méconnus, j’en ai relevé plusieurs que j’ai notés par ci par là comme idiosyncrasique ou apophtegme notamment J’apprécie toujours de découvrir ou de redécouvrir des termes qu’on entend peu mais qui pourtant apportent un sens fort sémantiquement parlant.
Cette histoire se lit très bien et ce roman est vraiment riche. La société décrite est crédible, parfaitement documentée et c’est peut-être mon seul regret. En effet, l’environnement de l’histoire, la société, les raisons pour lesquelles tout est dans cet état, la technologie, les personnes, l’évolution sont bien présentées par l’auteur mais fan de futurologie et d’anticipation, je reste un peu sur ma faim sur ce point, tout étant très pertinent, je pense qu’un déroulement plus détaillé ou plus long aurait été possible et intéressant.
Cependant, cela n’assombrit pas mon sentiment général sur l’histoire qui reste très bien écrite. Un beau roman, original et émouvant, héritier en anticipation à mes yeux, de Candide de Voltaire et puisant chez Orwell et Bradbury, tout en prenant racine dans l’actualité de notre époque. A lire.
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