1Q84, livre 3 de Haruki Murakami
martin | 18 avril 2012 | 19:563ème partie de l’histoire de Murakami, ce livre poursuit magistralement les deux premiers volumes.
Comme dans les deux précédents résumés, je ne ferai pas allusion à l’intrigue ni à l’évolution de celle-ci et resterai volontairement flou pour préserver les personnes qui n’auraient pas encore lu le livre.
De la même manière que lors du passage du livre 1 au livre 2, le passage du livre 2 au livre 3 se fait de manière très fluide et le style est dans la continuité du livre précédent même si vers la fin, j’ai noté une évolution stylistique. Pour des raisons de narration, l’histoire rebrousse parfois très légèrement chemin pour être de nouveau racontée du point de vue d’un autre personnage.
C’est un peu étonnant au départ mais cela passe plutôt bien en réalité. L’effet produit donne une dimension de type cinématographique aux scènes et permet de mieux comprendre les comportements des personnes par ré-interprétation des scènes au travers de leurs yeux.
L’effet est d’autant plus étonnant que lors de certains de ces passages, on trouve quelques mots entre parenthèses du type (”mais il/elle ne pouvait pas encore le savoir”) explicitant la redondance pour le lecteur, ce qui pousse encore un peu plus le côté scénario de la chose. Etonnant car la narration était jusque là d’une fluidité sans faille mais cela permet d’ouvrir un nouveau champ narratif, déroutant au départ - j’avoue même m’être fait la réflexion que l’auteur “fatiguait” - mais servant finalement très bien l’histoire en distillant des détails supplémentaires.
On retrouve évidemment dans ce troisième livre les deux protagonistes de l’histoire, Aomamé et Tengo, toujours en quête l’un de l’autre mais aussi en quête de compréhension du monde dans lequel ils se sont retrouvés, la ville de chats pour l’un, 1Q84 ou l’autre. En constant décryptage de ce monde aux deux lunes, ils progressent et avancent dans leur inconscient à la recherche de leurs origines et de la raison de leur présence dans ce monde chimérique.
L’amour et la quête de l’amour sont au coeur de cette partie et Murakami distille les sentiments et le romantisme de manière parfaite. L’écriture est juste, belle et colle à l’atmosphère adolescente des deux protagonistes désirant se rencontrer, ne le pouvant pas, s’aimant en secret et progressant dans leur histoire.
En parallèle d’eux, on découvre beaucoup plus en profondeur au personnage de Ushikawa, l’enquêteur, croisé dans le livre 2. Il sert alors de fil conducteur pendant une grande partie du livre comme l’avait fait l’oeuvre qu’écrivait Tengo et son héroïne dans le livre 2.
Au niveau du déroulé de l’histoire, on en apprend encore plus sur les différentes intrigues lancées par l’auteur et la compréhension y est quasi totale. Le niveau d’imbrication des histoires entre elles et la complexité de la trame prennent tout leur sens et j’ai d’ailleurs parfois été surpris par la dimension de l’intrigue imaginée par Murakami. Tout est lié ou presque et on peut enfin joindre ensemble des morceaux qui étaient dissimulés dès le début du premier tome avec l’histoire. Brillant.
Mon seul regret irait peut-être pour la fin dont je ne sais dire si elle en est vraiment une ou si un 4ème, un 5ème…etc. livres suivront. En l’état, cette fin pourrait clore ce triptyque mais la mention “fin du livre 3″ me fait douter alors même que sans cette mention, je m’en serais contenté.
Qui sait ce que nous réserve Murakami et où il pourrait nous emmener dans un livre supplémentaire.
Ce troisième tome semble donc refermer cette superbe histoire, déroulée sur une année complète, construite au travers de plusieurs styles, le romantisme, le fantastique et le romanesque. J’ai beaucoup apprécié sa lecture et vous encourage à découvrir ce monde parallèle, rempli de détails, de relations entre les personnages et dans lequel on n’est plus jamais sûrs de rien tant tout semble lié, sujet à interprétation, levier d’autre chose. Un régal pour l’imaginaire et le rêve.