Mon CR et mes impressions sur le BookCamp3
martin | 29 septembre 2010 | 0:02Samedi avait lieu le Book Camp 3, réunion autour du livre numérique organisée par Hubert Guillaud - LaFeuille, Silvère Mercier - Bibliobsession, Lionel Dujol - La bibliothèque apprivoisée, Clément Monjou - ebouquin à laquelle je suis allé.
Cet événement très sympa m’a permis de revoir des personnes déjà croisées comme Clément de ebouquin.fr et de découvrir les autres membres de sa Team, de rencontrer plein d’autres personnes sympathiques et très pointues sur le livre, numérique ou non et de mettre des visages et des voix sur des avatars Twitter souvent lus sur ma timeline.
Je tenterai un #ff sur Twitter ces prochains jours pour saluer ces personnes. Sinon, une recherche sur Twitter avec le hashtag #bookcamp3 devrait vous permettre de trouver la plupart des participants actifs pendant l’après-midi.
J’ai vu que @liminaire avait fait un CR très complet de l’événement, que d’autres commençaient à appraître au détour des blogs, je vous les conseille également.
Ce CR vous est fourni modulo mon interprétation et pourrait contenir des imprécisions. Si vous avez assisté à l’événement, n’hésitez pas à corriger mes propos dans les commentaires ou à ajouter certaines choses, je me ferai une joie de rajouter le contenu dans l’article.
Fan de livres munis de tablettes comme de bloc-notes
Encore une fois, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas d’ipad tant cela est pratique pour prendre des notes et live-twitter l’événement et un certain nombre des participants l’utilisaient comme pour me rappeler mon erreur…
Bon. ipad, ipad 2, Galaxy ou Tabbee 2, une chose est sûre, la tablette finira par venir à moi
Toujours est-il que comme la plupart des présents, j’avais un bon bloc note et l’ordinateur pour prendre des notes et qu’avec cette combinaison d’outils, on a tout ce qu’il faut. Trêve de digressions, revenons à l’événement.
J’étais inscrit de longue date, les inscriptions ayant été remplies très rapidement et j’ai donc eu la chance d’assister à ce rassemblement passionnant de passionnés.
Plus précisément, j’ai assisté à deux ateliers et à deux pauses, moments de discussion ou de networking, le Book Camp se déroulant sur le modèle des Bar Camps avec des ateliers où chacun peut prendre la parole et est invité à intervenir autour du thème de l’atelier modéré et encadré par une ou plusieurs personnes.
Atelier 1 : Créer un livre électronique en ligne ?
Premier atelier autour de la problématique de la création des livres électroniques en ligne avec la présentation du système de création d’epub en ligne de Hervé Le Crosnier, développé par Charline Enée.
Concrètement, son service permet de créer à la façon d’un CMS type blog un epub regroupant des contenus tels que des textes copiés du web, des images, des documents word, bref, tout ce qui est manipulable depuis le web.
La démonstration faite en live pendant l’atelier est assez bluffante et le résultat présenté sous Stanza ipad et iphone rend très bien. A voir sur http://cfeditions.com/ebooks, le fichier est bcommuns.epub
Le service qui sera lancé le mois prochain est accessible sur polifile.fr (actuellement protégé par un htaccess) et permettra donc à un auteur ou à une communauté d’auteurs de créer un document epub de qualité professionnelle aussi facilement qu’on écrit un article sous Spip ou Wordpress pour ensuite le distribuer sur une plateforme en ligne par exemple, le système étant conforme pour la distribution sur ibooks par exemple.
Le format epub, ses limites, quel futur format ?
Après cette présentation, la discussion s’est engagée sur le format epub, sa structure, la développeuse du site expliquant la composition d’un fichier epub.
Pour info donc, le fichier epub est en réalité un fichier zippé, contenant plusieurs fichiers dont un fichier de table des matières, un fichier css codant le style du livre, des polices et évidemment des fichiers de contenu.
J’ai d’ailleurs retrouvé sur Google
un rapport de Charline sur le projet dans lequel tout est très bien expliqué. Je vous le conseille.
Est venue ensuite une discussion autour des limitations de l’epub et de la concurrence avec le HTML5 et les applis mobiles l’utilisant, exemple étant pris sur la très fameuse appli du livre “Alice au pays des merveilles”. A été également discuté l’avenir de la norme epub, dont la mouture 2.0 devrait être lancée en Mai 2011.
Il a été également question du suivi de l’utilisation d’un ebook par le lecteur vu du côté de l’éditeur ou du distributeur. L’exemple d’Amazon a été pris pour montrer ce qu’il ne fallait pas faire.
Je ne savais pas par exemple que sur le Kindle, aucun livre n’était possédé par le lecteur, l’acheteur. Tout est en fait sur des plateformes distantes si bien que Amazon peut supprimer l’accès à toute oeuvre achetée (ou pas visiblement ici car louée du coup ?) par le lecteur à distance.
Imaginez que vous achetiez un livre et que le libraire vous le reprenne à distance ! Aberrant et pourtant possible dans le modèle actuel Kindle/Amazon.
Tracer les livres numériques ?
Dans ce débat donc, la question était : faut-il tracer l’utilisation des oeuvres, enregistrer à but statistique ou communautaire (”vous avez aimé…” ou “vous avez surligné…” donc “vous aimerez sûrement…”) des données sur l’utilisation des ebooks, ce que font apparemment Amazon et Apple (et ce que fera sans nul doute Google avec tout le soin qu’on lui connaît dans le croisement des données).
Les avis étaient partagés même si la neutralité semblait nettement l’emporter.
A titre personnel et étant confronté à l’usage des statistiques à but d’amélioration de l’expérience utilisateur dans mon travail, je suis partagé. Partagé entre le fait de ne pas fliquer le lecteur et le fait de lui proposer éventuellement des propositions d’usages supplémentaires.
Imaginons un réseau social calculant les affinités de personnes en fonction des surlignages ou des lectures…ça pourrait être intéressant et apporter une réelle valeur pourvu que cela se fasse avec tout le respect de l’utilisateur possible. Plutôt côté Diaspora que Facebook pour le coup en quelque sorte.
Cependant, le risque que je vois à cela est qu’un tel usage statistique pourrait très bien être utilisé pour créer de toutes pièces des romans artificiels comme on crée des musiques en fonction des goûts des auditeurs ou comme on écrit des blockbusters avec tel pourcentage de tel style pour plaire à un public ciblé.
Cela serait dangereux car on aurait alors une perte de valeur intrinsèque du livre en tant qu’oeuvre originale. Ce dernier deviendrait alors un produit marketing jetable comme la musique l’est devenue avec le mp3 et le développement des artistes markétés conçus pour être éphémères et rentables avant de disparaître ensuite, pillant ainsi le marché potentiel de sa richesse et fragilisant le milieu, dégoutant les consommateurs, les incitant de fait au piratage, réflexe du consommateur à l’appauvrissement de l’offre.
En sortant de l’atelier, j’ai discuté avec Charline, développeuse du site et du système polifile lui expliquant que j’avais longtemps cherché une telle solution et que je serais prêt à l’utiliser selon les tarifs, polifile n’ayant a priori pas vocation à être cher d’après ce que j’en ai compris.
A voir et à tester dès la sortie. Je suis impatient…
Atelier 2 : Comment réaliser une copie privée d’un livre ?
Bastien de la Team Alexandriz a présenté son travail, celui de réaliser des copies privées de livres, comprendre des numérisations de livres.
Sa présentation est disponible sur Google docs. Elle est vraiment intéressante et le détail du processus complet a permis de découvrir cette activité et d’aborder le souci lié à l’offre numérique, mais aussi d’aborder la question du piratage du livre, on le verra ensuite.
La présentation a débuté par la mise en contexte de la numérisation.
Bastien a expliqué posséder plus de livres papier que son appartement ne pouvait en accueillir et dépenser 600 à 700 euros par an en achat de livres. Face à ce souci de place et pour palier au manque d’oeuvres numérisées, il a décidé de numériser sa collection.
Il a également expliqué être régulièrement déçu et surpris de la piètre qualité de certains ouvrages numériques vendus estimant la part de déchets à 3% (de mémoire), exemples à l’appui avec des css géantes utilisant plusieurs styles différents faisant ramer considérablement les liseuses.
La numérisation
Pour l’acte de numérisation en tant que tel, trois techniques ont été décrites. La numérisation à partir d’un scanner à plat, la photographie numérique et la numérisation à partir d’un scanner à chargement vertical, méthode utilisée dans son cas. Les temps sont variables (à retrouver dans la présentation, je ne les ai plus en tête)
Afin de préparer l’ouvrage à la numérisation, il faut couper la tranche du livre à l’aide d’un cuter ou d’une découpeuse industrielle. Puis, les feuilles sont numérisées une par une. C’est une technique destructrice. Ici, il s’agit de numériser le livre afin de pouvoir se passer de la version papier.
Vient ensuite la reconnaissance de caractère, OCR qui peut être faite grâce à 3 logiciels payants Abbyy FineReader, OmniPage Pro, Read Iris, les logiciels open-source étant moins performants.
La relecture
Après cette phase de numérisation vient la phase de relecture, obligatoire pour ne pas avoir d’erreurs de numérisation. Un souci apparemment fréquent est celui des “Il” des débuts de phrases transformés en “11″ par exemple.
Pour cette phase de correction et de relecture, des macros word sont utilisées. Ces macros sont créées et améliorées régulièrement par la communauté des scanneurs. 3 à 4 passages de macro sont souvent nécessaires afin d’assurer une qualité correcte avant de faire une dernière relecture manuelle à l’aide d’une liseuse, ici tactile afin de surligner les coquilles, pour ensuite les corriger.
Cette relecture manuelle permet par exemple de repérer et de corriger certaines erreurs de traduction ou d’écriture, Bastien citant notamment un exemple de livre policier dans lequel le héros, armé d’un magnum se retrouvait quelques pages plus loin armé d’une carabine avant de récupérer son magnum sans qu’aucun changement ou qu’aucune action ne l’explique.
Que faire dans ce cas lorsqu’une erreur si flagrante est repérée ?
Ce qui m’a bluffé avec cette présentation, c’est le résultat obtenu avec ces scans de livres, aussi bons voire même meilleurs que ce que certains éditeurs numériques produisent.
Pour avoir téléchargé certains epub proposés par Bastien sur son site, j’ai été surpris par la qualité et la légèreté des fichiers comme expliqué. Alors que sur un epub acheté en ligne via une plateforme partenaire de Numilog, j’avais des temps de chargement longs et certains plantages sur mon Opus, avec ses epubs, le changement de page et les chargements étaient très rapides et jusqu’ici aucun plantage n’est à déplorer.
Pourquoi les éditeurs ne numérisent-ils pas comme ça leurs catalogues ?
Plusieurs personnes présentes à cet atelier, et je partage ce questionnement, se sont demandées pourquoi, alors que cela semble “simple” et relativement rapide à faire, les éditeurs ne numérisaient pas leurs catalogues ?
Pendant ce temps-là, des personnes comme Bastien mettent à disposition des oeuvres numérisées, issues de leur collection personnelle et bien souvent absentes des rayons numériques des librairies.
Dommage de ne pouvoir acheter ce qu’on lit et de devoir le pirater alors que les amoureux du livre que nous sommes préfèreraient sûrement payer pour un bon epub comme on paye pour une édition brochée d’un bouquin papier.
Cela n’a pas manqué de faire réagir certaines personnes de l’auditoire, notamment côté éditeurs et offre légale.
S’est alors ouvert un débat, vite refermé par la pause, c’est dommage, autour de la question de la mise à disposition d’oeuvres absentes des catalogues, de la nécessité de proposer une version électronique d’un broché lorsqu’on l’achète en papier.
Quoi de plus frustrant en effet de posséder une oeuvre et de ne pouvoir la mettre sur sa liseuse à moins de la repayer ?
Il me semblerait logique pour une oeuvre de la rentrée littéraire par exemple d’obtenir la version électronique sur mon reader si j’achète la version papier à plein tarif. OK pour ne rien proposer sur un poche mais sur un broché, cela me paraitrait normal.
Ma conclusion sur ce BookCamp
De cet événement, je suis ressorti la tête pleine d’idées, heureux d’avoir pu discuter à bâtons rompus du livre numérique avec des personnes toutes aussi intéressées et intéressantes les unes que les autres. Je n’ai malheureusement pas pu aborder tout le monde, loin de là sans parfois reconnaître les gens. D’ailleurs, idée pour la prochaine fois, un badge avec nom et pseudo Twitter par exemple, serait pratique.
Sur le domaine du livre numérique, de grandes choses sont possibles j’en suis convaincu. Quand on voit, par l’exemple de la numérisation, ce qu’une personne peut faire en quelques heures avec de la motivation et quelques outils, on se dit que quand les éditeurs se donneront les moyens, la numérisation pourra faire un grand pas en avant et que le marché sera lancé.
Il faut peut-être également revoir les modèles de diffusion et de vente. Le prix du livre numérique fait débat tout comme son contenu. Doit-on se contenter d’une version identique à la version papier ou doit-on imaginer autre chose ?
Quid des plateformes (je n’ai pas assisté à cet atelier) et des distributeurs ? Que va faire Orange qu’une rumeur sur Twitter annonçait récemment sur le point de proposer offre de contenus de lecture numérique multi-écran, multi-plateformes que devraient embarquer ses tablettes d’ici à la fin de l’année ?
Tant de questions et de chantiers encore à étudier… C’est prévu pour quand le Bookcamp4 ?
Bookcamp4 ? L'année prochaine à la même date ;-).
Hubert Guillaud | 29 septembre 2010 | 8:41Bookcamp4 ? L’année prochaine à la même date ;-).
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