Un monde de procrastination

Voilà quelques semaines que je possède le dernier reader de chez Bookeen, marque française créatrice de la gamme des readers Cybook.

Acheté pour répondre à un besoin simple : alléger le sac lors de déplacements et épargner quelques feuilles d’imprimante lors de la lecture en PDF, ce reader remplit bien son rôle même si on ressent une certaine jeunesse dans le produit et quelques imperfections vite ennuyeuses à mon goût.

Je m’intéresserai dans cet article à mon ressenti d’utilisateur. Je ne ferai pas de détails de caractéristiques, vous les trouverez un peu partout et très facilement. Pour rappel cependant, ce reader est vendu à 220€.

L’aspect et la prise en main perfectibles

Ayant découvert cet appareil sur le bon site Ebouquin, j’ai rapidement franchi le pas et l’ai acheté dès sa disponibilité sur le site de la FNAC. J’avais déjà pu manipuler des readers Sony au dernier salon du livre et étais convaincu à la fois de l’utilité et de mon intérêt pour ce type d’appareil.

Bénéficiant de bonnes critiques et d’un design compact et sympa, j’ai rapidement accroché.

Reçu rapidement après commande, ce qui étonne à la première prise en main, c’est la compacité de l’engin. Plus petit qu’un roman en grande édition, il tient bien dans la main même si, gros défaut  mes yeux, le plastique poli et un peu « cheap », disons-le franchement, fait régulièrement glisser l’appareil des mains. Après environ 800 pages de lues et un mois et demi, j’ai déjà deux chutes involontaires à mon actif sans aucune séquelle heureusement.

L’appareil est résistant même si le bruit bon marché du plastique dur sur le sol fait toujours craindre de grosses séquelles.
En fait, ce qui a, dans les deux cas causé ces chutes, c’est la relative raideur des touches de changement de page. Assez peu sensibles et trop profondément ancrées dans la coque, elles ne se manipulent à un doigt de la main tenant le reader qu’au risque de perte de la préhension de l’engin.

Ces touches, comme les autres boutons du reader se révèlent très dures et ne bénéficient pas d’un confort d’appui suffisant à mes yeux. A l’heure du tactile ou des boutons à effleurement, on retourne ici quelques années en arrière avec des boutons bruyants et dont l’enfoncement fait souvent craindre une rupture du mécanisme.

De ce fait, la lecture en environnement silencieux (salle d’attente, train etc.) va souvent faire se retourner les gens quand on navigue dans le menu ou qu’on règle la taille des caractères. C’est dommage pour un appareil aussi joli et discret d’aspect.

L’utilisation et le comportement des boutons s’opposent de facto au design épuré. Dommage.

J’aime le côté joli et agréable au toucher des livres, je suis clairement déçu par ce côté plastique et un peu « toc » du reader de Bookeen surtout quand le « vieux » reader Sony était déjà en alu avec des boutons plus classieux.
Même déception pour la housse dont l’aspect et le toucher sont agréables mais dont l’utilisation se révèle peu pratique. Le reader se glisse à l’intérieur.

De conception robuste, elle tient bien en main mais on est souvent embêté lorsqu’on sort de reader de se retrouver avec la housse dans l’autre main sans ne savoir quoi en faire.
Il aurait été plus judicieux de réaliser une housse à ouverture de livre dont la partie inférieure serait restée attachée au reader.

A part pour le transport dans le sac, cette housse se révèle inutile et encombrante. Dommage là aussi.

L’utilisation

A l’utilisation, ce livre électronique est dans l’ensemble agréable même si, là aussi, plusieurs détails viennent régulièrement rappeler qu’on est sur un appareil électronique.

Le menu est assez simple dans sa construction mais complexe dans la navigation. Bookeen a organisé cela en répertoires avec trop de n-1 à mes yeux, pourtant technophiles.
Cet outil, bien que proche d’un ordinateur se devrait être parfaitement ergonomique.

Libre à nous de créer les répertoires qui vont bien. De même, le classement par défaut et non modifiable ne permet que l’affichage d’un nombre trop restreints (5, 10 ou 20) de documents par page.

Quand on commence à en avoir plusieurs dizaines, cela est bien trop peu et le changement de page dont la vitesse est convenable dans le cadre de la lecture devient pour le coup bien trop lente, étant habitué à du scroll instantané des menus d’ordinateurs.

Concernant l’autonomie, la batterie ne semble pas se décharger ! C’est impressionnant. Cet appareil est un chameau.

La lecture

Le confort de lecture est excellent dans l’ensemble, la résolution et la lisibilité de l’écran étant remarquables. Il dépend néanmoins grandement du format de fichier utilisé.

En effet, le format epub permet de formater le texte parfaitement pour la taille du lecteur et le redimensionnement est parfait alors que pour les autres formats de fichier, le pdf typiquement, (je ne sais pas si l’encodage est en cause…), la lecture devient vite pénible car les pages sont vues comme des ensembles non redimensionnables sur lesquels il faut zoomer et scroller dans les deux dimensions toujours avec ce souci de vitesse de rafraichissement.
Je me suis d’ailleurs mis en quête d’un convertisseur de pdf en epub afin de pouvoir lire plus ergonomiquement les pdf que je crée depuis les sites de presse et que je lis rarement sur le lecteur faute de confort de lecture. Pour le moment, je n’ai pas trouvé.

La navigation dans les ouvrages se fait en tournant les pages grâce aux deux boutons latéraux sur la tranche droite. Je ne me suis toujours pas fait au changement d’affectation page précédente / page suivante intervenant lors de la rotation de l’appareil. C’est perturbant.

Lors de la lecture en mode portrait, on avance avec le bouton supérieur et on recule avec le bouton inférieur. Intuitivement, j’aurais fait l’inverse. Quand on passe en mode paysage, l’affectation des boutons change et bien que plus rationnelle, on a du mal à se faire à ce changement de fonctionnement.

Les limites de l’appareil

Comme expliqué juste au dessus, l’appareil permet donc de lire en mode portrait et en mode paysage et oriente automatiquement le texte en fonction de l’orientation, un accéléromètre étant intégré. C’est pratique mais ce dernier n’est pas précis et manque de réactivité à l’usage.

Régulièrement il m’a fallu redresser de manière ostentatoire voire même créer un mouvement vif pour faire changer d’orientation le lecteur. Quand on est habitué à la réactivité d’engins comme l’iphone, c’est dur d’accepter ce genre de contraintes pour une fonctionnalité pratique qui devient alors gênante car erratique.

De même, lors de la lecture, j’ai eu par trois fois à subir des gels de l’appareil. Très ennuyeux.
Là aussi, se faire rappeler qu’on est sur un engin électronique est gênant surtout quand, comme mi, on ne se balade avec un trombone ou une épingle pour rebooter l’appareil, seule solution pour le dégeler.

Ce genre de petits bugs, pourtant mineurs, gâche clairement le plaisir de lecture. Un livre ne doit pas buguer, ne doit pas rechigner à changer d’orientation.

Conclusion

Ce lecteur est intéressant et remplit bien sa fonction de lecteur de documents électroniques même si outre l’epub, le confort de lecture n’est pas optimal et ne m’a pas convaincu de remplacer le papier par l’électronique dans le cas d’ouvrages en pdf par exemple.

L’écran est impressionnant de précision et de lisibilité et l’autonomie est colossale. Très appréciable en conditions de nomadisme.

Malgré des défauts de jeunesse que je juge gênants, étant très exigeant et technophile, le Cybook Opus reste un appareil convaincant et au potentiel élevé que quelques optimisations pourront rapidement venir corriger et améliorer.
Le prix me semble justifié même si par ailleurs le prix des ebooks donne vraiment envie de se tourner vers les œuvres libres ou vers le piratage ! C’est frustrant de vouloir acheter mais d’être rebuté par le prix des oeuvres.

Il est clairement temps que les éditeurs se décident à marquer plus fortement la différence de prix entre les livres papier et les livres électroniques. Payer un livre électronique au même prix que le papier avec un investissement de base élevé un est vraiment trop cher.
Cela doit clairement changer si l’édition ne veut pas répéter les erreurs de l’industrie musicale et induire la liquéfaction des œuvres dans le piratage massif.

Nous aurons l’occasion d’y revenir.

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