Un monde de procrastination

Hier soir, le président de la république a évoqué avec ses mots la procrastination, le mauvais côté de la procrastination, celui que je ne défends pas.

Interrogé par un journaliste sur le rythme des réformes lancées dès son début de quinquennat, il a répondu qu’il n’allait pas faire comme les étudiants, attendant la semaine avant l’examen pour se mettre au travail.

Ceci est une image, certes réductrice, mais une image quand même, de la procrastination !
On reviendra dans un morceau ultérieur de l’explication de blog sur les rapports entre politique et procrastination…Vous verrez qu’il y a beaucoup à dire…

Vous pouvez retrouver les 2 permiers volets ici et là si vous ne les avez pas encore lus.

La procrastination m’a trouvé un jour et est restée pour moi une chose à la fois remarquable et effrayante. Effrayante car capable de glacer les actions les plus motivées mais remarquable car capable de sortir de je ne sais où à l’intérieur de moi une force et une énergie inestimées.

Le jour où j’ai mis un nom sur ce que je n’avais encore jamais constaté a été un beau jour de lycée, en cours d’anglais. Nous étudiions un texte parlant de procrastination. Je me souviens de m’être exclamé en moi-même “C’est génial”. Ce “problème”, cette “maladie” était quelque chose d’impressionnant. Repousser, repousser et encore repousser des choses qu’on pouvait faire tout de suite. Le concept en lui-même me touchait déjà ! Je me souviens de m’être demandé si les personnes victimes de cela et décrites dans le texte étaient normales. Qui irait repousser volontairement des actions qu’il pouvait faire immédiatement ?

J’avais, comme toute jeune personne, toujours entendu mes proches, mes professeurs me répéter qu’il fallait toujours faire les choses le plus rapidement possible, quand on en avait le temps et surtout ne jamais les laisser filer pour ne pas se laisser déborder. Alors, découvrir cela ! Imaginez !
Ce jour-là, j’ai écrit ce mot à un endroit dans mes pensées et il ne m’a plus quitté.

Je l’ai alors laissé dans ce coin de ma tête, devenu poussiéreux avec le temps, jusqu’à le retrouver de manière inattendue plus tard….

Toute une histoire, rien qu’en lisant le titre. Depuis que mon blog est nommé de la sorte, nombreuses sont les personnes à m’avoir demandé la signification de ce titre.

La procrastination, est un terme peu utilisé, quoique de plus en plus, notre société se dirigeant irrémédiablement dans sa direction. Mon choix de nom imaginé et choisi pour faire réfléchir était donc bon. Quoi de meilleur en effet que de faire se questionner le lecteur ? Quoi de meilleur que de lui faire se demander de quoi on va parler ?

J’ai toujours pensé que les meilleurs livres étaient ceux dont on ne pouvait se douter de la fin avant de l’avoir lue. Ce culte de l’intrigue et de la balade du lectorat est quelque chose qui m’a toujours beaucoup impressionné. Etre capable de mener son lecteur là où on veut et le faire douter, l’amener à, continuellement se poser des questions est un art délicat que peu d’auteurs maitrisent.

J’ai toujours voulu être capable de cela. J’y travaille. Ce blog est d’ailleurs l’un de mes terrains d’entraînement.
Alors pourquoi procrastination ? Pourquoi ce terme barbare et pourtant de plus en plus fréquent ? En aurais-je été moi-même victime ? Le serais-je encore ?

Une personne revue avec très grand plaisir ce week-end m’a offert un cadeau original très sympathique : un agenda 2009 conçu pour les procrastinateurs créatifs.

Derrière le côté très personnel et touchant de ce cadeau, il y a le symbole.
Cette personne, qui jusque là n’avait pas vraiment saisi le sens du mot procrastination, avait retenu le titre de mon blog. J’évoquerai d’ailleurs un jour le pourquoi de ce nom. Non, je ne suis pas plus procrastinateur que n’importe qui d’autre. Simplement, je pense que la société est minée par ce problème…

Bref…Au dos de cet agenda figure une citation de G.B. Stern que j’ai trouvée amusante. Je vous la livre telle qu’elle, en anglais, dans le texte :

One thing that’s good about procrastination is that you always have something planned for tomorrow.