Un monde de procrastination

Il y a parfois des coïncidences troublantes, qui quand on s’en rend compte, laissent rêveurs et font qu’on se pose des questions sur le déroulé des événements ou même sur la différence entre le rêve et la réalité.

j’allais au boulot à pied, comme presque tous les matins, les bus ne passant que sporadiquement près de là où je loge en région parisienne. Quand ces derniers passent, ils sont deux ou trois à la suite, ce qui est un peu ridicule d’ailleurs, le premier étant rempli à rabord, le second, à peine rempli et le troisième, vide.

Très souvent, étant rôdé à ce fonctionnement débile et ayant 15 minutes de marche jusque changement de transport suivant, je marche, musique sur les oreilles.

La musique est depuis toujours un compagnon indispensable de ma vie, encore plus depuis que je travaille et vis sur Paris cette ville d’un bruit devenu insupportable pour moi. Les écouteurs isolent du monde extérieur et permettent de vivre la musique en communion avec le chanteur ou les instruments. Une sorte de bulle est alors formé autour de moi quand je marche.

Sur mon lecteur, il y a de tout, du classique à l’électro en passant par du disco, des rocks oldies et des trucs plus récents. Bref, de tout.

Ce matin-là, alors que je vivais la musique un peu plus intensément que d’habitude ayant un manque de sommeil certain, ma tête étant encore clairement aux pays des rêves, la lecture se dirigea d’elle-même sur le Best-of du groupe Queen. Sans réellement m’en rendre compte, les plages passèrent, mon inconscient connaissant ces chansons et les appréciant, la voix de Mercury étant si forte.

Soudain, alors que j’allais traverser la route et que “Bohemian Rapsody” retentissait depuis quelques minutes dans mes oreilles, les paroles s’égrenant, “..is this a real life…is this just fantasy…?”, je fus doublé par l’un des bus que je prends de temps en temps.

Je levai les yeux pour me rendre compte, au moment du refrain de la chanson “Oh Mamma Mia, Mamma Mia, Mamma Mia let me go” que la publicité à l’arrière du bus était celle de la comédie musicale “Mamma Mia”, mes yeux lisant même le titre de la comédie musicale en phase avec le refrain, la réalité semblant soudain refaire corps avec le monde du rêve dans lequel j’étais depuis quelques minutes au sein de ma bulle musicale.

Drôle d’impression que de voir à quel point une conjonction de facteurs aussi indépendants que l’endroit où je me trouvais, la musique que j’écoutais parmi mes 3500 titres sur le lecteur et la publicité sur le bus, lui-même présent au carrefour au moment même où je traversais, peut amener en une coïncidence aussi forte à un instant aussi précis.

Cela m’a mis un instant d’arrêt et en quelques secondes, j’ai réalisé l’incroyable concours de circonstances qui venait de mener à cette coïncidence assez folle.

Je suis ensuite reparti dans ma bulle après avoir rejoint un instant la réalité par cette jonction d’événements et depuis, je n’ai plus revu de telles conjonctions d’événements si frappante.

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