Des madeleines plein les oreilles
martin | 2 août 2010 | 22:00Je me suis souvent demandé ce que m’apportait la musique, cette musique que j’écoute constamment.
C’est une question pas forcément évidente car personnelle. Oui, personnelle. Je pense en effet que la musique représente qui nous sommes.
Un profil musical m’est toujours apparu comme le reflet d’une personne. L’ouverture, la capacité à entrer dans la musique se retrouvent dans les caractères des personnes.
Comme on peut parfois imaginer le psyché de quelqu’un en regardant ses yeux ou sa façon de se comporter, j’ai toujours cru fermement que la musique représentait notre intérieur.
“Dis-moi ce que tu écoutes et je te dirai qui tu es”, en quelque sorte.
Je me suis posé cette problématique de la signification de la musique sur moi après être arrivé à une constatation évidente lors d’un état de grande fatigue. Ce genre d’état dans lequel l’esprit plane et le corps dort sans que les yeux ou les sens ne soient encore en sommeil.
Une sorte d’état transitoire entre la veille et le sommeil pendant lequel les sens semblent décuplés et dans lequel on se met à ressentir tout à échelle incroyablement grande.
Un état d’exaltation très passager, excitant et assez perturbant à la fois mais pendant lequel tout semble très clair. Pendant une de ces alcôves temporelles, récemment, j’ai compris.
J’errais en moi, écoutant des morceaux beaucoup écoutés il y a longtemps, remisés depuis ce temps au fond du répertoire du lecteur mp3. A l’écoute de ces pépites, j’ai soudain revu des personnes, ressenti des sensations, senti des odeurs et perçu des sentiments autrefois éprouvés. Tout cela dans un rush très bref et sans aucune logique apparente sauf celle de la chonologie.
Impressionnantes minutes que celles pendant lesquelles plusieurs mois et lieux de ma vie se sont repassés devant moi à l’écoute de ces sons.
Tout un pan de ma vie repassait en effet au contact de ces stimulis écoutés au quotidien de ces lieux, de ces personnes et de ces sensations.
C’est alors que j’ai compris. Chez moi, la musique, ses harmoniques, ses mélodies agissent comme des éponges d’événements. Des madeleines de Proust sonores en plus des habituelles odeurs.
Croiser une personne et en voir une autre par la magie envoûtante d’un parfum a déjà dû arriver à chacun. Cela m’arrive tellement souvent….C’est cela aussi de tenir à de personnes, sans les voir beaucoup, utilisant les mêmes parfums, lessives et assemblages de senteurs que d’autres personnes.
Pourquoi cela ne serait-il pas possible avec les sons après tout ?
Cela semble logique. Ne revit-on pas un film quand on écoute sa bande originale ? Ne revit-on pas les scènes au son des musiques entendues pendant ce film ?
Chez moi, la musique a cette capacité à me passer dans un état de détente, de réflexion que je n’ai pas en temps normal. Dans ces cas-là, je suis capable d’isoler mon esprit et de le faire divaguer et apparemment de le faire emmagasiner plein de choses sans même m’en rendre compte.
Difficile à expliquer car je n’ai pas cette faculté d’isolement avec de simples bouchons d’oreille par exemple. Or, c’est très net. Pas pendant l’écoute mais bien pendant la réécoute qui diffuse alors bien plus que de la musique.
Difficile et sélectif en musique comme dans tous les domaines de ma vie, je n’apprécie pas facilement mais aime avec excès lorsque mon affect se lie à une mélodie, un rythme ou encore un arrangement.
Chaque morceau apprécié devient alors un substrat très absorbant à toute autre stimulation extérieure notable.
Ainsi, je me rappelle de passages de livres, de représentations imaginaires, de personnes, de moments agréables ou tristes. Souvent mélancoliques, ces sons portent mes pensées et me font voyager immobilement, danser intérieurement, rêver parfois.
Passer d’un morceau à l’autre réserve parfois des rencontres joyeuses, parfois moins, incongrues bien souvent. Un sourire s’esquisse la plupart du temps au coin de mes lèvres à la découverte de ce cadeau inattendu, ce diaporama d’émotions.
Je pense avoir la réponse à ma question.
Voilà probablement pourquoi j’écoute tant de musique.
Pour faire remonter en surface tous ces moments enfouis, toutes ces madeleines.
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Bonjour Martin, Je suis allée voir par curiosité ton blog et
Ingrid Bouchez | 6 juin 2011 | 7:29Bonjour Martin,
Je suis allée voir par curiosité ton blog et surprise, je découvre un véritable journal “intime” exposé aux lecteurs.
Après tout, on ne se connait pas et là, par le premier article ou “pensée” que je lis, tu parles de toi.
“Des madeleines plein les oreilles” m’ont parlé ou chanté! En effet, moi je me pose aussi une question par rapport à la musique, mais à l’inverse de toi, elle s’inscrit plutôt vers “pourquoi je n’écoute pas de musique?” Le silence est souvent présent chez moi et pourtant quand je mets de la musique, j’adore. La pièce est désormais vivante et donc moi aussi. Mes sens sont en éveil. Mon psyché et mon corps sont stimulés. Je comprends bien ta réflexion et c’est “drôle” que la fonction principale de la musique soit pour toi mnésique, habitée de personnages et d’évènements appartenant au passé, comme si tu étais nostalgique.
Moi, après ce qui m’est arrivé, j’ai une telle envie de vivre et de découvrir, que j’espère trouver le réflexe d’appuyer sur le bouton “play” pour me permettre de me sentir encore plus vivante…
Je voulais te faire part de ce qui m’a fait écho en te lisant et te donner un peu de moi.
C’est intéressant ; à bientôt, Ingrid