Pronostic vital engagé
martin | 28 novembre 2009 | 0:10Ou comment l’ignorance de l’un peut conduire à la détresse de l’autre.
Cette histoire vraie fait suite à un accident finalement sans trop de gravité mais qui sur le coup parut gravissime.
Un collègue fit l’autre jour une chute de plus de 10m sur notre lieu de travail. Surpris par le bruit terrible et son râle de douleur une fois arrêté en bas de l’escalier, nous nous sommes tous dirigés vers lui.
Pompiers et médecins étant sur place et prodiguant les premiers soins, nous ne sûmes pas grand chose de son état sauf que rien ne pouvait être écarté étant donné la chute, les conditions de la chute.
Rapidement, plusieurs policiers se retrouvèrent dépêchés sur place posant plusieurs questions parmi lesquelles certaines très perturbantes après un événement si choquant. En ces temps de suicides sur le lieu de travail, c’est en effet l’une des premières questions que posent les enquêteurs lors de leur arrivée sur place.
Une fois les lieux évacués et le malheureux collègue emmené, chacun essaya d’imaginer ou de ne pas penser à ce qui allait se passer ensuite.
Choqué mais relativisant la situation autant que possible, j’acceptai la proposition d’une collègue d’aller nous aérer l’esprit dans l’attente de nouvelles rassurantes.
En bas du bâtiment, cette dernière, inquiète, demanda aux deux policiers en faction s’ils avaient entendu les médecins parler de l’état de santé de notre collègue. Au fond de nous, nous savions que tout pouvait être présagé étant donnée la violence de la chute. La réponse qui était attendue était évidemment un message d’espoir.
A nos mines déconfites, un enfant aurait compris qu’il fallait répondre que tout allait bien se passer.
La scène que les agents de police nous ont jouée est sûrement à mettre dans tous les manuels d’école de police précédée de la mention « A ne pas reproduire »
Plutôt que de suivre la raison de Socrate établissant que la seule chose que nous savons est que nous ne savons rien, ces derniers décidèrent de faire du zèle et, les mains sur la ceinture, annoncèrent, le sourire au visage, pour le premier que « le pronostic vital était engagé » alors que la seconde précisa, se mettant en avant comme une enfant à qui on aurait remis un bon point « ça veut dire qu’il y a sûrement des blessures internes graves qu’on ne voit pas encore… »
Nous partîmes toujours aussi incertains sur le sort de notre collègue mais convaincus d’une chose : soit la psychologie n’est pas enseignée à l’école de police, ou alors ces deux-là n’avaient pas assisté aux cours, soit l’excitation du moment les avaient tellement grisés qu’ils en avaient oublié leurs basiques.
La relation à autrui est loin d’être aisée et plus je constate ce genre d’erreurs, plus je suis persuadé que la communication est en train de devenir la nouvelle fracture sociale.
Certains la maîtrisent et peuvent manipuler et en jouer, d’autres veulent s’y frotter mais se brûlent à vouloir tenter de l’apprivoiser.
(Ré-)Apprenons à communiquer entre nous. Plus que jamais, le pronostic vital de notre vivre ensembe semble être engagé. La clé de notre salut se trouve probablement dans notre faculté à interagir avec des mots, choisis et avant tout, sensés.
Trop fort,j'imagine bien la tête des flics:-)
manon | 3 décembre 2009 | 21:34Trop fort,j’imagine bien la tête des flics:-)
Bon mais le mec il s'en tire à la fin
desgranges | 14 janvier 2010 | 22:16Bon mais le mec il s’en tire à la fin ou il creve ?
Etre fin psychologie n’est ce pas aussi de ne jamais croire les flics surtout dans un moment d’excitation générale, où les infos sont transmise avec déformation ?
nico
Oh que oui il s'en sort et heureusement ! :)
Martin | 14 janvier 2010 | 22:20Oh que oui il s’en sort et heureusement !