Etude comportementale dans le RER
martin | 4 mai 2009 | 22:51Il est 20h15, veille de week-end dans le RER en direction de la banlieue. Un groupe de 3 femmes discute. Deux d’entre elles sont assises sur un strapontin, la troisième est debout, se tient d’une main à une barre métallique et se penche négligemment pour prendre part à la conversation avec les deux autres femmes.
Il m’est difficile de leur donner un âge. Leur bel âge semble passé malgré leur attitude faussement lolitesque, chewing-gum mâché négligemment, tirant de fait plus vers la vulgarité que vers le glamour adolescent des pubs pour prêt à porter.
De plus, l’épaisseur de poudre sur leur visage me laisse à penser qu’elles ont plus à cacher qu’à montrer. Leurs colorations capillaires terminent de tisser la trame esthétique de ce trio. Du brun roux qui tire vers le blond par mèches. Entre 30 et 40 ans j’imagine. Elles veulent en paraître 30 mais ont oublié que la beauté ne s’invente pas et qu’en matière d’esthétique, plus que partout ailleurs, le mieux est l’ennemi du bien. Donc, elles en paraissent 45.
Les quelques rondeurs qu’elles pourraient facilement dissimuler et dont elles pourraient même tirer partie en s’habillant sans tenir compte des diktats des magazines deviennent des volumes proéminents impossibles à cacher dans leur outfit fashion-urban de working girl.
La mode est à la jupe et au blouson de cuir. Elles semblent avoir lu leurs classiques car toutes trois ont ces accessoires textiles. Pourtant, elles semblent anachroniques dans cette rame du RER “des affaires”, ligne A menant la banlieue au centre de Paris et à la Défense, le matin si classieuse de costumes, mocassins en cuir, pare-dessus et tailleurs. Cela jure presque et ne passe pas.
C’est là que je change de plage sur mon lecteur MP3 et saisis un bout de leur conversation.
Intéressant comme une bribe de discussion peut mener à interprétation. Elles parlent toutes les trois d’une personnes de leur entourage. Elles semblent passer beaucoup de temps ensemble. Leurs mimétismes vestimentaire, masticateur et capillaire me paraissent le confirmer.
J’en déduis qu’elles sont collègues et qu’elles font le trajet ensemble. Elles semblent complices et partager beaucoup. En apparence du moins.
Toutes trois parlent d’un événement pour le week-end s’annonçant. Le débat porte sur le nombre de bouteilles à apporter à l’hôte de ce banquet printanier. Bouteilles de champagne j’entends. Un bel événement probablement. Elles semblent toutes les trois heureuses d’y aller.
Lorsque l’une d’elles descend du RER en dehors de Paris, elle s’éloigne sur le quai en guettant l’approbation de ces compères de transport sur la quantité de bouteilles. Une ? Deux ?
Finalement, toutes s’accordent sur deux.
Les portes se referment. Le train repart.
Immédiatement, les deux personnes restantes se remettent à discuter et, à ma surprise, remettent immédiatement en question les idées de la troisème les ayant quittées quelques secondes plus tôt.
L’union sacrée n’est visiblement qu’une union de façade ! Tout y est remis en cause. Le nombre de bouteilles, le fait même de se rendre à cet événement. Je suis interloqué. L’une critique ouvertement l’absente et les deux s’entendent sur le désaccord.
Comment une telle communion de façade peut-elle voler en éclats dès qu’un élément du groupe se retire ?
Cela me surprend. Elles finissent alors de discuter et voilà qu’une deuxième quitte la rame. La troisième se rassoit après l’avoir saluée et, tout en se rasseyant, essuie un soupir de dédain.
Je crois comprendre qu’elle n’appréciait guère la compagnie de celle avec qui elle critiquait son autre collègue quelques minutes auparavant. Au final, qui s’apprécie vraiment qui au sein de ce groupe ? Qui se rend compte de ça ? A leurs attitudes, je pense qu’aucune d’entre elles n’a réellement notion de ce que les autres pensent d’elle.
Que d’attitudes superficielles !
Pourquoi tant de ressenti, de besoin de dire oui devant et d’hurler non derrière ? Quelle pression sociale ou professionnelle oblige à de tels non-dits ?
Je suis impressionné par ce que je viens de voir. Comment peut-on vivre au quotidien dans un tel mensonge ?
Prétendre qu’on apprécie quelqu’un, partager faussement. Je ne comprends pas ce qui peut mener à cela et me demande si tout le monde est ainsi au fond de soi. Heureusement, je descends et m’en vais rejoindre des collègues, des gens que j’apprécie et qui m’apprécient. Je le sais.
Mais qu’en est-il vraiment ? Je doute. Comment ne pas douter après cela ?
Que pensent vraiment les autres de nous ?
N’est-ce pas le mal de notre société, ce manque de communication qui mène à de telles situations ?
La peur de l’autre ?
Je ne sais pas. Je poursuis ma réflexion…tout cela m’a attisé l’esprit…Tout cela ne fait que commencer…
Trop marrante la description de ces trente-quarante-naires légèrement boudinées qui
Habib | 22 mai 2009 | 10:25Trop marrante la description de ces trente-quarante-naires légèrement boudinées qui assument (pas sûr) et exhibent leur volonté de ne pas vieillir.
J’imagine que quelque soit celle qui serait descendue en premier, les 2 autres auraient eu le même comportement critique vis-à-vis de l’absente. Non ?
Il est facile ensuite pour une tierce personne d’appliquer la maxime « Diviser pour mieux régner ». Dans ce cas-là le terrain est fertile.
Cette attitude est-elle purement féminine ? Je serai enclin à le croire. Pas de misogynie dans ma réflexion d’autant plus que ce sont des femmes qui me l’ont suggéré. Poses la question à tes connaissances féminines. Préférez-vous travailler avec des hommes ou avec des femmes ? Et surtout pourquoi ?
Habib
Je vais en parler ;-) J'aurais tendance à penser que c'est
Martin | 22 mai 2009 | 10:36Je vais en parler
J’aurais tendance à penser que c’est purement féminin comme attitude, pas seulement à titre perso mais également car des femmes m’en ont aussi parlé…
Je verrai ce qui sortira de ces petits sondages