Espèce en voie de disparition
martin | 4 novembre 2008 | 0:31Mardi de la semaine dernière, je me rends au pressing récupérer un costume et quelques chemises après ma journée de travail.
Comme d’habitude, le métro est rempli. Comme d’habitude, la musique m’isole du monde extérieur bruyant et pesant après 9h passées devant l’odinateur et au téléphone. Le poids de la journée se fait sentir et il ne faudrait pas grand chose pour que je m’assois et quitte la veille pour le sommeil. Je résiste, je n’ai que peu de stations pour me rendre à mon unique objectif du soir, le pressing.
Arrivé 20 minutes avant la fermeture de 20h, je suis fier de moi car je viens de faire mieux que trois semaines auparavant quand j’étais arrivé à 19h55 complètement à l’arrache et que, demandant à la gérante, mes affaires dans les mains, à quelle heure elle fermait, cette dernière m’avait répondu avec un grand sourire soulagé :”Maintenant !” Je lui avais répondu avec ce même sourire “Je vous souhaite une bonne soirée alors”.
Je m’étais dit en moi-même que des personnes comme elle, dynamiques et agréables même à 20h n’étaient décidément plus aussi courantes à Paris et que c’était un réel rayon de soleil que d’avoir la chance d’en croiser sur sa route des taches quotidiennes horriblement routinières. Arrivé avec le poids de la journée sur les zygomatiques, j’étais reparti avec les joues moins tendues grâce à ce petit zest d’humanité.
Ce soir-là, ce n’est pas la gérante qui est là mais une jeune femme toute aussi sympathique d’ailleurs. Trop ? Nous allons nous en apercevoir.
Deux personnes sont devant moi et je préfère attendre dehors. La première ressort avec un stock impressionnant de vêtements et les saisit négligemment contre son abdomen proéminent. Je me dis que c’est bien la peine d’aller faire nettoyer et repasser ces vêtement par des professionnels si c’est pour les refroisser à peine sorti du pressing. Enfin, bref. Plus que par souci de perfection, cette personne ne recherchait peut-être simplement que la facilité.
La personne devant moi dans la queue s’avance au comptoir. Je profite que cette dernière ait dégagé le seuil de la porte pour m’engouffrer également au travers de la devanture de l’établissement.
Je remarque immédiatement que quelque chose ne va pas. Cet homme a beau donner son ticket, rien ne bouge sur le rail automatique. J’attends, stoïque.
Je n’ai rien de prévu, je suis même en avance sur mon temps de passage, j’ai le temps. La journée est finie. Bref, “no matter what”, pas de quoi s’énerver surtout que la préposée au pressing semble ne pas comprendre ce qui se passe.
Après quelques secondes de réflexion, elle annonce à l’homme devant moi que sa chemise n’est pas “terminée”, son ticket indiquant la date du lendemain comme date de retrait.
L’homme lui assène que ce n’est pas possible. Ne contestant pas la véracité des propos de son interlocutrice ni la date imprimée sur le papier rose, il ajoute simplement qu’il lui faut sa chemise instamment, qu’il ne peut attendre le lendemain matin, qu’il en a justement besoin pour le lendemain matin.
La jeune femme ne sait pas quoi faire. Elle cherche à se “défendre” et explique que la chemise n’est pas faite, qu’elle est prévue pour le lendemain et qu’il faut donc revenir la chercher le lendemain. L’homme ne l’entend pas de cette oreille et lui demande d’aller la chercher.
Face à tant d’insistance, la jeune femme, toute embêtée, lui demande la marque de la chemise.
Le disgracieux personnage est bien incapable de la lui donner, il lui rétorque même que c’est une chemise bleue toute simple, sans marque particulière. En moi-même, je me dis que c’est bien la peine de faire tout une histoire pour une chemise bleue tout ce qu’il y a de plus basique. En ayant moi-même plusieurs, cette situation me semble alors de plus en plus invraisemblable.
Pourquoi remuer ciel et terre pour une chemise commune ?
Après avoir vidé deux sacs de linge, l’employée revient au comptoir et comparant la référence manuscrite, elle obtient confirmation de l’homme que c’est bien sa chemise et lui annonce, comme elle l’avait déjà fait, qu’elle n’est pas repassée et qu’il devra revenir dans la matinée le lendemain.
Tel un arbitre comptant les points d’un match d’improvisation, je me dis que l’homme est dans les cordes et qu’il ne peut plus rien faire, elle vient de lui envoyer le coup de grâce.
Que nenni ! L’impoli dit alors :”J’attends, vous me la repassez, vous avez le temps, vous fermez à quoi ? 20h ?”
N’osant pas dire non, elle répond par l’affirmative…plus pour l’horaire que pour l’envie de repasser, toutes les machines étant à l’arrêt et les fers au repos. Je vois son visage se fermer. Elle abdique, vaincue par le manque de manières de ce type indiscipliné. Je suis choqué, je pense ne pas pouvoir dissimuler mon étonnement quand je lui remets à mon tour mon ticket après qu’elle eut posé la chemise sur la table de repassage et dit, tête baissée à l’homme qu’elle me servait avant de se mettre à l’ouvrage.
Ce dernier ajoute alors tout naturellement qu’elle peut prendre son temps, qu’il n’est pas pressé et qu’il peut aller lui acheter un café, un chocolat chaud au café d’en face si elle veut !
J’hallucine. Je récupère mes affaires, tente d’adresser un regard froid à l’homme ne fixant rien ni personne, trop perdu dans son égocentrisme et je salue gentiment la jeune femme en lui souhaitant bon courage, plus par le regard que par la voix, étant assez surpris par ce que je viens de voir.
Je reprends le métro après avoir laissé cette scène surréaliste derrière moi. De retour dans le transport souterrain, je change d’un seul coup de regard sur les gens dans la rame. Je me demande à ce moment-là comment on a pu en arriver là. A négliger l’humain à ce point !
En arriver à croire que tout ne dépende que de soi-même ! Qui cet homme pouvait bien s’imaginer être ?
Un tel manque de respect ne s’explique pas. Je ne me l’explique pas. Encore moins pour de basses et remplaçables considérations matérielles.
Dans le travail ou la vie, je constate constamment et de plus en plus ce genre de comportements. Pourquoi ?
Dans quel but ? Que va-t-il advenir de la société si les personnes continuent à mépriser l’autre de la sorte ?
J’ai envie d’être optimiste, de croire que tout peut changer et que le meilleur reste à venir mais face à de telles situations, j’ai vraiment du mal et me dis qu’avec la considération que je mets en l’humain, je deviens vraiment et malheureusement une espèce en voie de disparition !
L’avenir n’appartient-il qu’aux connards sans foi ni loi ? Faut-il écraser l’autre pour obtenir ce qu’on veut ?
Je veux croire que non, qu’une autre voie est possible, que le respect de l’autre reste LA solution.
J’espère bien arriver à le prouver un jour….
Moi aussi je pense être en voie de disparition, je
Cecile | 4 novembre 2008 | 22:39Moi aussi je pense être en voie de disparition, je compatis mon cher Martin!!!
En un sens ce qui est rassurant c'est que je
Marine | 4 novembre 2008 | 22:46En un sens ce qui est rassurant c’est que je pense comme toi !
pas si en disparition, nous voilà quatre!
Marie | 4 novembre 2008 | 23:53pas si en disparition, nous voilà quatre!
[...] Tout cela me fait repenser à ce que j’avais
Blog de Martin Régent - Un monde de procrastination » Les maux de la société s’insèrent dans les blogs | 19 novembre 2008 | 1:03[...] Tout cela me fait repenser à ce que j’avais relaté dans cet article sur le manque de respect des personnes entre elles. [...]