Un monde de procrastination

Comme chaque année à pareille époque, on se prend à rêver de choses. On se prend à s’imaginer faire des choses qu’on aurait soi-disant dû faire depuis bien longtemps. C’est toujours la même ritournelle. On se dit qu’on va changer, qu’on va s’améliorer, faire ceci ou cela mieux que les années précédentes. C’est le jeu des bonnes résolutions.

Cela améliorera notre futur. On sera mieux dans sa peau en laissant de côté ses mauvaises habitudes. Nous pourrions tous y aller de nos vices ou manies déplacées. Chaque exemple serait pertinent je pense.

Alors, pendant quelques jours, on change effectivement mais trop peu pour en sentir les bénéfices tant et si bien qu’on abandonne bien vite ces nouvelles bonnes habitudes. Et on en revient à ce qu’on considérait quelques jours avant comme la normalité. Bien souvent, on n’est pas plus mal dans notre tête qu’avant d’avoir essayé de changer. On est même mieux. On a l’impression d’avoir franchi un cap. D’avoir surmonté un obstacle jusque là infranchissable. On commence alors l’année revigoré et sûr de notre force. C’est là le principal. C’est je pense l’effet recherché par le jeu des bonnes résolutions.

Quant à savoir ce que ces résolutions pourraient apporter au quotidien si on les adoptait durablement, je ne sais pas trop quoi en penser à vrai dire. Peut-on améliorer le futur en projetant dessus ses désirs d’amélioration sporadiquement sous forme de bonne(s) résolution(s) ? Cela me parait peu probable et même ridicule.

Comme je le vois, le futur n’est que le continuum des présents dans lesquels nous agissons sans réelle préparation. Ainsi, tenter de le prévoir de la sorte et de manière aussi radicale me semble trop artificiel pour être ne serait-ce qu’envisageable.

Les résolutions de la nouvelle année ne sont plus à mes yeux que de bons sujets de journaux TV racoleurs en panne de sujets légers dans le monde grave et sans cesse plus triste dans lequel nous vivons. On nous laisse croire que le bonheur viendra à nous si nous arrivons à accomplir telle ou telle action. On prend bien entendu à chaque fois un exemple bien choisi avec des portraits mielleux de complaisance pour laisser la porte de l’imagination des gens ouverte. Le bonheur n’est-il pas un fil conducteur plus qu’un objectif ?

Alors, que faire pour ça ? Simplement vivre le quotidien. Le vivre pleinement. Dire aux gens ce qu’on veut leur dire. Aimer ceux qu’on aime. Faire ce qu’on aime et ne pas le prévoir. Voilà sûrement la recette pour contrer cette mise en place faussée des actions de l’année à venir. Simplement vivre et se laisser le faire…

Pour terminer, je ne vous dirai qu’une seule et dernière chose. Cette année, assurément, j’arrêterai de réfléchir à des choses futiles …

Bonne année pleine de santé, de bonheur, de joie, de réussite et d’amour à toutes et tous !

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