A vouloir emmener trop gros, Toyota a-t-il déchaussé ?
martin | 11 février 2010 | 0:17ou traduit du langage cycliste : A vouloir avancer trop rapidement, Toyota a-t-il glissé de ses pédales ?
En tant que cycliste et baignant dans l’automobile depuis tout petit, l’affaire des pédales des Toyota ne pouvait pas me laisser de marbre d’autant plus que beaucoup de choses me surprennent dans cette affaire.
Cet article des échos bien écrit m’a interloqué et les reprend bien.
L’ampleur mondiale du problème, tout d’abord, qui montre bien à quel point l’industrie automobile comme d’autres est devenue un géant aux pieds d’argile, totalement dépendante d’intermédiaires de moins en moins nombreux et de plus en plus pressés en terme de coûts et de plannings.
Cela pose à mes yeux de scientifique d’énormes problèmes. Imaginons que, la concurrence aidant, le nombre de ces fournisseurs vienne à se rapprocher de zéro.
Le marché tout entier serait rapidement approvisionné par une seule et même entreprise de fourniture et dépendrait donc complètement de cette dernière.
J’imagine que ce cas a du être pris en compte par les constructeurs et que des procédures doivent exister mais tout cela ne me semble pas rationnel. Je suis certainement trop candide, pas assez renseigné sur les problématiques de « sourcing ».
La gestion de crise ensuite. Que la marque explique, en plein doute des médias et alors que de nombreuses rumeurs de soucis commençaient à se révéler exactes, que Toyota était une marque sûre et que tout allait bien était déjà fort de mon point de vue. Mais le plus fort fut sans doute atteint quand monsieur Toyoda s’inclina devant la presse pour demander pardon aux clients. Impressionnante réaction et modification radicale de positionnement de communication.
Je ne suis pas expert en communication de crise ni même en communication tout court mais ce qui s’est passé là est certainement à ne pas reproduire.
Enfin, plus sur le fond de l’affaire cette fois. Cette énorme affaire n’est pour moi que la confirmation que les stratégies de réduction à tout prix et de radicalisation du marché dans tous les domaines ne peuvent être que mauvaises à terme.
Pourquoi vouloir tout le temps baisser les coûts ? Comment se fait-il qu’on en vienne à tendre la corde au point de la casser ?
Je n’ai jamais compris ce genre de raisonnement ultracapitaliste. Je me considère comme quelqu’un de plutôt libéral mais dans ce genre de cas, je trouve que tout cela va trop loin et cet exemple malheureux pour Toyota nous le prouve.
J’ai déjà eu l’occasion de faire ce même genre de constatations professionnellement. Réducton de coûts pour maintien de la marge sans aucune prise en compte opérationnelle de l’état réel du terrain, coupures de budget et donc abandon de projets après régression fonctionnelle alors que sans cette coupure, les projets auraient pu être profitables et apporter bien plus que ce qui a été économisé en les supprimant. Aberrant.
Sur le court terme, il est vrai que cela permet d’économiser quelques deniers mais sur le long terme, un gain possible n’est pas réalisé mais surtout une régression fonctionnelle s’installe. Les utilisateurs râlent et l’image de marque baisse quand ces utilisateurs ne partent pas complètement chez les concurrents. Vraiment profitable comme fonctionnement !
J’ai du mal à voir où se trouve le gain avec ce genre de raisonnement.
L’affaire Toyota me remet ces incohérences en lumière. A vouloir trop économiser, on finit par perdre plus que ce qu’on aurait pu gagner sans rien avoir économisé à la base. De mes yeux de non économiste, je ne comprends pas cette fuite en avant de la baisse de tous les coûts et des prix au détriment inéluctable de la qualité.
Plus directement, pourquoi vouloir toujours plus, toujours moins cher ? Faire de l’argent pour faire de l’argent ?
Mais à quoi cela sert-il ?
Cela me renvoie alors aussi à notre société de consommation. Pourquoi vouloir toujours tout ? Au moindre prix ?
Et si cette affaire Toyota n’était en fait que le reflet sombre de notre société de consommation privilégiant la quantité à moindre coût au détriment de la qualité mesurée ? Je me le demande vraiment.
Qu’en dites-vous ?
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Bienvenu dans les monde des adultes ;-)
Etienne | 11 février 2010 | 13:14Bienvenu dans les monde des adultes