Un monde de procrastination

Lundi, au moment de payer Le figaro chez le buraliste près de chez moi, je présente mes deux pièces comme à chaque fois que je l’achète, une de 1 euro et l’autre de 10 centimes d’euros. 1,10€, je connais maintenant le prix par cœur depuis que je l’achète.

Le buraliste me regarde l’air ennuyé, c’est 1,20€ depuis ce matin (lundi 5 novembre), je suis désolé. Je lui aurais bien sorti un « Faut pas être désolé, pas de chichis » mais je ne l’ai pas fait. Donc soit. Je me dis à moi-même que, 1,20€ pour une presse de qualité, traitant l’actualité, la science, la culture et les sujets de fond à égalité, de façon sérieuse et quotidiennement, ce n’est finalement pas cher.

Je rentre chez moi, entame la lecture, lis effectivement sur la une l’encart annonçant je cite que « l’équilibre économique des quotidiens […] est de plus en plus difficile » et que « les ventes sont bonnes depuis le début de l’année, les recettes publicitaires sont, elles, difficiles et un journal ne peut vivre sans ».
Là, immédiatement, je revois les images de ces centaines de personnes lisant les journaux gratuits, remplis de pub dans les transports en commun. Ces véritables recueils de dépêches, sans aucune analyse avec parfois des informations tronquées, inexactes qui viennent alimenter les discussions autour de la machine à café, dans les queues des restaurants le midi et distraire les étudiants en cours avec les horoscopes et les jeux style sudoku ou mots croisés, fléchés etc. Donc, là ma méprise de ce genre de journaux et de ceux qui cautionnent leur publication en les lisant augmente car je comprends que c’est cet engouement pour cette presse “cheap” qui fait que les journaux de qualité augmentent leurs tarifs ou disparaissent des linaéraies ou encore licencient leurs bons journalistes…
Mais encore une fois, je me console intérieurement en me disant que je paye pour de la qualité, pour une analyse et que pour rien au monde, je n’irais lire la presse gratuite !

Mais voilà que lecture se faisant, je suis surpris, pourtant habitué à ce journal, par le nombre de publicités présentes dans le quotidien ce jour. En effet, pas moins de 9 pleines pages de publicités (dont une très impressionnante double au milieu du journal) sur 46 et 10 pages sur lesquelles apparait un encart publicitaire de plus d’un cinquième de la surface de la page, ce qui est beaucoup quand on connait le grand format du figaro. Je n’ai pas compté les pages sur lesquels des petits encarts étaient présents. Mais tout de même. Avec tout cela, on arrive à plus de 15% du contenu en publicités.

La chose qui m’a choquée le plus est que justement, dans ces pages sont présentes de nombreuses pages et encarts, la moitié environ dédiées à la marque Sony qui lance sa campagne de pub « like.no.other » avec les petits lapins flashy tout mignons en pâte à modeler. Très jolie campagne d’ailleurs. Comme la gamme de produits est étendue : ordinateurs, camescopes, appareils photos etc. le nombre de pubs est important mais quand même. La répétition de publicités de même style pour la marque choque et marque, c’est surement le but vous me direz.

Oui mais voilà. Ces publicités viennent polluer le journal le jour où celui-ci se plaint de ne plus avoir assez de revenus publicitaires. Un petit peu étonnant et osé je trouve. C’est à se demander si les services marketing et vente se sont concertés ou si la pression de Sony (et le financement) étaient trop forts pour que la rédaction refuse les publicités en trop grand nombre le jour de l’augmentation.
Car remplir de publicités un journal qui n’en contient pas trop habituellement le jour de l’augmentation pour pallier aux difficultés rencontrées à cause du manque de pubs, c’est un peu fort !

Quoi qu’il en soit, je garde ma confiance en ce journal et je continuerai de le lire mais voyez, je prends tout de même le temps de communiquer là-dessus.
Alors, de votre point de vue, hasard ou abus ?

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