"L’aube le soir ou la nuit" de Yasmina Reza, Ed. Flammarion
martin | 8 septembre 2007 | 19:01En lisant ce livre et en voulant en faire la critique, je me suis rendu compte de la difficulté que doit ressentir le critique littéraire. En effet, ne pas se décourager au milieu d’un livre et pousser la lecture jusqu’au bout pour ne pas rendre un avis tranché. Tranché au milieu du livre sans avoir vu le bout ou tranché trop nettement au niveau de la pensée. Ce livre, événement de la rentrée littéraire, raconte de l’intérieur la campagne du candidat devenu président, Nicolas Sarkozy.
J’ai eu du mal à en saisir la forme. Celle-ci m’a dérangé. Je ne dois pas avoir l’habitude de ce genre de narration. Narration hâchée, télégraphique parfois. Si c’était pour servir le propos, ce serait parfait mais au début du livre, ce n’est pas le but recherché. Du moins je n’en ai pas eu l’impression. On passe de scènes en scènes. Scènes de vie, de campagne. Pensées personnelles de l’auteur. Citations d’écrivains, de politiques. On sent que tout cela veut se faire homogénéité pour le bien du propos mais la mayonnaise a du mal à prendre au départ. Peut-être par défaut de matière au début de la campagne car j’ai senti que cela allait mieux au fur et à mesure du récit (chronologique) et donc de la campagne. On sent néanmoins tout au long de ce récit la culture littéraire et le bon style de l’auteur, ce dernier étant sous voire très mal exploité, la faute au type très factuel et peu romanesque du livre.
Au niveau du fond maintenant. Le reproche reste quasiment le même. Au départ, on sent que Y. Reza reste dans la description, la juxtaposition d’observation d’événements. Puis, plus on avance, plus on sent que la proximité du candidat permet de mieux cerner le fonctionnement du personnage et de la politique. On prend alors plaisir à décrypter les rouages de la machine.
Mais ce qui ressort de cette immersion de l’auteur au sein de l’équipe de campagne du candidat Sarkozy, c’est le portrait de l’homme politique. En effet, partageant les moments hors champs, l’auteur parvient à nous décrire l’homme derrière le politique. Est-ce vraiment l’humain derrière le politique ? Je n’en ai pas l’impression mais cette vue de l’homme, celui qu’on ne voit pas dans les médias est marquante. On y découvre un personnage qu’on ne connait pas publiquement. On y entrevoit ses buts, ses doutes, ses envies. On ressent l’excitation des moments de l’ombre, d’avant ou d’après meeting, dans le cocon des bureaux à l’aube, le soir ou la nuit. Rien que pour cela, je ne regrette pas d’avoir lu ce livre même si je dois avouer, comme suggéré en introduction, que l’idée d’arrêter m’a effleuré au début lorsque les paragraphes de 5 ou 10 lignes se succédant sans rapport étaient seuls corps de récit.
Dur donc de résumer ce livre et de donner un avis définitif. Je pense qu’il n’est ni bon ni mauvais. Il ne vaut cependant pas le battage médiatique qu’on en a fait, c’est certain. Les 190 pages se lisent vite une fois passée la difficulté d’adaptation au style et certainement aussi par excitation de voir comment sont traitées l’élection et la victoire.
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